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 Fragment #138 - Madrid : derniers instants

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Bételgeuse

Bételgeuse



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MessageSujet: Fragment #138 - Madrid : derniers instants   Fragment #138 - Madrid : derniers instants Empty13.04.08 20:47

Mardi 25 décembre 2007
à Madrid

L'odeur du café me traverse les narines alors que je m'en sers une tasse. Mamá est déjà aux fourneaux, et les odeurs de viande rôtie me donnent la nausée.
« Pues, ¿ Hoy te vas ?
- Sí. Tengo una cita a los cinco, y despues, me voy.
- ¿ No quieres quedar aquí un poco más ? ¿ Estás segura ?
- Sabes que lo estoy. »
Elle me jette un soupir, de résignation autant que d'énervement, attrape un couteau ; je l'entends qui renifle au-dessus de l'oignon qu'elle décapite. Autour de moi, l'appartement qui n'a pas changé depuis mon départ. Je devrais me sentir ici mieux que partout ; pourtant j'ai au fond de l'estomac ce recul un peu dégoûté, cette sensation à laquelle on se résigne une fois par an pour aller chez ses grands-parents. Le coup au ventre qui nous empêche de penser que tout est encore possible. Le passé n'existe plus, et lorsque l'on s'en détache un moment, y revenir est toujours douloureux.
« Hola. »
Cette petite voix fatiguée est celle de Crístina, qui entre dans la cuisine en se frottant les yeux, et s'assieds sur mes genoux, les bras autour de mon cou.
« Crístina, escucha. Me voy al fin del día. Pero tengo algunos regalos para tí y Paula. Quería que no espereís hasta el día de los Reyes Magos para abrirlos. ¿ De acuerdo ? »

Sscrrtchh.
Le papier vole en éclats, le ruban se démêle, et mes deux petites soeurs ont le visage empreint de joie. La Barbie princesse de Crísti et la palette de maquillage de Paula sont bientôt dégagées de tout emballage.

La fumée s'envole par ma bouche dans l'air froid. Dans la poche de mon jean, tout contre ma cuisse, le temps avance dans son écrin doré.
Les assiettes s'entrechoquent au fond de l'évier dans un bruit lourd. Et l'eau divine qui coule sur les restes de gâteau et de chapon. Discrètement, dans le salon, Mamá pleure devant una telenovela.

J'enfile mon manteau, ouvre la porte, crie que je suis partie. La cage d'escalier est froide et impersonnelle, encore pire qu'à Dijon ; peut-être à cause des jeunes qui viennent fumer, cracher, se droguer, juste devant chez eux.

Un superbe immeuble moderne en plein centre-ville. Heureusement que ce n'est qu'une filiale. La receptionniste m'accueille en anglais. « You are ? » Retire cet air méprisant de ta sale face, blondasse, l'arrogance ne va qu'aux beautés de statue. « Me llamo Sylvia y soy la próxima top model de esta fuckin agencia, ok ? » Range-toi, connasse.
Le bureau de Mister Watson est plus que sublime. « Call me Erick, ok ? » Je hoche la tête, hypnotisée par une lampe qu'on dirait de cristal. « Debes pardonarme, no hablo español muy bien. ¿ Hablas inglés, Sylvia ? » Disons qu'il faudra bien que je m'y mette...
« Un poco.
- Good. How old are you ?
- I'm 23.
- Ok. Marco wasn't lying when he told me you were beautiful. Is it your real colour ? » demande-t-til en pointant mes cheveux. Je baisse légèrement les paupières en signe d'affirmation. Il semble satisfait. Nous passons dans la salle adjacente, un épais rideau noir est tendu sur un mur, il y a aussi un petit bureau avec un ordinateur. Il me demande de me mettre contre les graduations du mur, note ma taille sur une feuille en poussant des petits bruits d'approbation. Puis il me pèse, prend mes mensurations, note tout cela scrupuleusement. « Good, good... I must take a few pictures of you, just to be sure you'll be as beautiful in a magazine than in real life. »
Je me place devant le rideau noir, et quelques click plus tard, il me regarde comme si tout cela n'avait été que formalités. « Bien. Preparo el contrato y te llama por teléfono para una entrevista. Muchas gracias. Y no te preocupes por la recepcionista, soló es que no le gusta trabajar en el día de Navidad. »
Il me raccompagne à la porte, me serre la main, et repart. Je reste, éberluée, quelques instants devant la porte de verre. Il s'est passé quoi, au juste ? J'ai rencontré Erick Watson, il m'a promis un contrat, mais il n'a pas pensé à m'expliquer ce qui allait changer pour moi.
Madrid illuminée est encore plus belle ; des étoiles brillantes sont installées au-dessus des rues. Les trottoirs sont froids sous mes pas. Les vitrines décorées me regardent passer ; et c'est en les dévisageant à mon tour que je comprends. Je vais avoir un vrai boulot, avec un contrat de travail. Des voyages autour du monde, et rien d'autre à faire que d'être belle.
Mes lèvres gercées s'étirent en un sourire discret, derrière mon écharpe. Je pense que je ne partirai que demain...
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