Fragment #295 - Noms de code

Le Q.G. se situait sous un immense hangar désaffecté, au bord de l'eau. Parfois il y avait une fête à l'intérieur, un rassemblement, sorte de gigantesque rave party secrète. Les Constellés se retrouvaient sous la terre.
Arthur entra dans la salle des trois Pôles, mais elle était vide. Il rejoignit alors L. dans la salle des soins. Elle veillait sur D., la jeune fille endormie, qui depuis des jours ne se réveillait pas.
« Comment elle va ?s'enquit-il.
- Toujours pareil. Parfois elle s'agite dans son sommeil, puis ça s'arrête. »
L. avait l'air épuisé, à force de rester au chevet de la malade, sans dormir. Arthur ôta sa combinaison.
« Pas de nouvelles de N. ? »
L. secoua la tête. N. n'avait pas donné signe de vie depuis son départ en mission, cette mission dont il n'avait pas voulu leur parler.
« J'ai fini ma patrouille pour ce soir, reprit Arthur. Rien de particulier. J'ai pensé qu'on pourrait se trouver des noms. Des noms de codes. Je pourrais m'appeler Apollon, ou Phébus.
- Apollon, c'est un peu pompeux, non ? fit remarquer L.
- Phébus alors. Phébus oui, c'est très bien.
- Ok, tu seras Phébus. Et moi Bastet. Ca me va comme un gant, non ?
- Bastet, la déesse égyptienne des femmes et des enfants, protectrice de la vie et des accouchements. Oui, ça, on peut dire que c'est pour toi !
- Tu n'est pas mal non plus, en dieu solaire, en dieu poète... »
Arthur savait que Bastet l'aimait encore. Au fond d'elle, une petite étincelle survivait, et survivrait peut-être toujours.
« Ou alors, dit-il, je pourrais être Jupiter. Le dieu des dieux. L'aigle du ciel et de la foudre...
- Pourquoi pas, oui, répondit sèchement Bastet. Va pour Jupiter. »
Mais il sentit à sa voix qu'elle préférait Phébus. Aussi, sans doute uniquement pour la contrarier, décida-t-il de conserver Jupiter pour pseudonyme. Il y avait une puissance derrière ce seul nom qui charmait Arthur bien plus que le lumineux Phébus.
« Et les autres ? N. sera Hypérion. Le titan solaire qui voit tout. J. pourrait être Fenrir, le Loup géant, et D. pourrait être...
- Thétis ?
- Oui ! Thétis ! Thétis la néréïde ! La souveraine des eaux ! »
Ils jetèrent un regard à la jeune fille endormie.
« Et puis il reste ce garçon là, tu sais, celui qui n'a pas rejoins notre camp... »
Jupiter demeura pensif.
« Je ne sais pas. J'ignore même dans quel camp il se place. »
Thétis remua un peu. Des larmes coulaient à travers ses paupières closes. Bastet et Jupiter échangèrent un regard inquiet.
« Qu'est-ce qui se passe à ton avis, à l'intérieur d'elle ?
- Je ne sais pas, répondit Arthur. Je suppose qu'elle livre bataille contre ses propres démons. »

Réalité.
Est-ce un rêve ? Est-ce une hallucination ? Je ne sais pas. Je ne me souviens plus. Avant je l'écrivais, désormais cela semble tellement réel...
Il est tard. Plus de trois heures du matin. Dans la chambre d'à côté, Lilian s'est enfin endormi. Il travaille de longues heures chaque soir, et le matin son visage reste marqué par le manque de sommeil. Moi je ne suis pas fatigué. Alors je prends mon ordinateur sur mes genoux, l'allume, tape mon mot de passe, ouvre MSN. Avec le curseur, je sélectionne mon pseudo, et remplace « Julian » par le nom :

Jupiter.