Fragment #2 - Driiiiiiing, Ding Dong, c'est Halloween !

J’écarquille avec difficulté un œil pour contempler la nuit noire qui a envahi mon lieu de vie. Un petit coup d’œil rapide sur les chiffres rouge du réveil radio situé à ma gauche, 5 heures du matin. Encore. Le boulot hier a faillit me tuer les mollets. Je ne sentais plus mes jambes à force de rester debout 10 heures durant ! Oui, 10 heures ! Dans l’hôtellerie on ne compte pas. Mais ces précieuses minutes supplémentaires empiétant sur mon agenda surbooké sont heureusement payées ! Manquerait plus que je fasse ça par charité ! Sept jours d’affilée, je ne sais pas si je vais pouvoir tenir la cadence très longtemps. Entre ça, les cours et le peu de vie sociale qui me reste… je suis exténuée.
Mardi 24 octobre, mercredi, jeudi... lundi c’était hier, Mince ! On est mardi ! HOURA ! J’ai congé ! Ce qui veut dire que je peux faire la grasse matinée. Quel bonheur.
9h26 s’affiche sur ce satané réveil qui ne veut pas me foutre la paix un jour de repos bien mérité. Mais c’est surtout à cause de ce téléphone qui a sonné et qui a indiqué à mes yeux énervés la marche à suivre. Je ne daigne même pas répondre, si c’est important, on rappellera.
« Ouiiiiiiiiiiiiiiii ? Ah… oui Maman… Je dors, pourquoi tu m’appelles ?! Non, maman je n’ai pas oublié qu’il faut que j’aille sur les tombes. Merde c’est aujourd’hui ! Mais maman tu crois que j’ai le temps de prendre de la javel et de commencer à nettoyer ?! Oui je sais qu’il n’y a personne pour le faire. Mais j’ai besoin de repos moi ! Oui maman je prendrai des belles fleurs. Oui, trois pots. Je sais que tu veux que les vieilles tantes voient qu’on est passé avant elles et qu’on n’oublie pas.
J’essaie de me rendormir tant bien que mal, quand cette maudite porte vient elle aussi me sortir de ma somnolence. Ils se sont passés le mot, c’est pas croyable ! Non, non et non je n’ouvrirai pas. Mais c’est qu’elle insiste cette insolente ! Je jette la couette avec violence, mes pas résonnent sur le sol, j’agrippe la clinche, et je m’apprête à crier peu importe qui se trouve de l’autre côté ! Et là, je me retrouve ventre à nez, face à… Spiderman. Pourquoi il porte un masque de l’homme araignée celui là ? Il marmonne un truc. Cette petite chose à l’air effrayée. Pendant que je saisis vaguement la raison de sa visite, « Bouh ! » « bonbons » « Halloween » Je rencontre mon reflet dans le miroir. Ha oui, en effet, je comprends son air mi affolé et mi amusé, il croit que je me suis déguisée. J’ai simplement oublié de me démaquiller hier et tout le mascara a coulé en dessous de mes yeux, sans parler de mes cheveux digne de Vampirella. Un petit rictus s’affiche sur mon visage. Je suis presque de bonne humeur. Non, désolée petit, je n’ai pas de bonbons. Non, pas de chocolat non plus. Reviens cet après-midi vers 16h, tu en auras. Et puis change de déguisement, c’est ridicule, tu ne fais peur à personne. Merde, le mioche pleure. Tant pis. Je referme la porte. Je m’avance vers la cuisine, j’attrape ma lourde boîte avec mickey sur le couvercle, je m’allonge sur mon lit, j’allume la radio. Quel régal ces sucreries dès le matin…

J’irai cet après midi vers 16h. Promis. Bisous maman. » C’est pas vrai quand même ! En plus il faut que je perpétue la tradition ! J’ai oublié de lui demander comment elle va… ma petite maman…