Fragment #389 - Merci pour le chat

Toc toc toc.
Quel bruit stupide. Je frappe à la porte de Colette, à m'en déchirer les métacarpes. Celle-ci finit par arriver, lentement, les pieds dans d'épaisses charentaises, et de grosses lunettes sur le nez. Il lui faut quelques secondes pour me reconnaître.
« Ah ! Julian ! C'est toi !
- Oui, je suis désolé pour le retard, je n'ai pas dormi chez moi depuis mon retour, je n'avais pas le choix.
- Oh, tu es amoureux ? »
Sa Majesté vient se frotter contre mes jambes. Est-ce que je suis amoureux ?
« Ca s'est bien passé, avec vos deux chattes ? Il ne les a pas embêtées ?
- Oh non, tu parles, il est adorable, très calme, très patient. Je crois qu'ils se sont bien entendus. Il faudra qu'il revienne les voir ! »
Je prends Sa Majesté dans mes bras. Le gros matou ferme les yeux et ronronne de plaisir.
« Tu voudras revenir voir tes copines ? je lui demande. »
Elisabeth et Clarisse font irruption dans le couloir et se dirigent vers nous.
« Bonjour Julian ! Alors, ce week-end à Dijon ? Il y a eu des prolongations ?
- C'est une histoire de coeur... explique Colette comme si j'avais confirmé sa pensée.
- Mais pas du tout ! dis-je en devenant rouge comme un poivron.
- C'est pas bien grave va, me rassure Elisabeth, on ne va pas t'ennuyer avec ça... Tu veux prendre le thé chez moi avec nous ?
- D'accord, mais je ne vous dirai rien sur ma vie sentimentale...
- Pas de problème, lance Clarisse, mais on ne te dira rien non plus sur la nôtre... »
Intrigué, je suis les trois petites vieilles chez la plus vieille d'entre elles. Nous nous installons au salon et prenons le thé ensemble, comme si je faisais partie de leur Clan depuis toujours, comme si nous avions le même âge. Ici tout est organisé comme il faut, Elisabeth sait bien mieux recevoir que moi. Tout est parfaitement réglé, des infusoires délicats jusqu'aux petits biscuits fins soigneusement déposé dans un plat de porcelaine. Nous discutons. Je me sens bien.