Fragment #139 - Bien plus qu'un air de famille

« Léo, ça va commencer, tu viens le voir avec nous ? »
Mes révisions sont quasiment terminées. Plus que deux chapitres de maths à relire, et peut-être faire quelques exercices demain. Ca va aller. J'en suis sûr.
« Ouaip, j'arrive dans une minute, je finis juste cette page. »
Sourire d'ange. Je sens quelque chose dans mon ventre, un irrépressible sentiment de bonheur, et mes lèvres se transforment elle aussi en un sourire. Je suis vraiment, vraiment bien. Je ne peux simplement plus arrêter de sourire, parce que je suis heureux, heureux comment je ne savais pas l'être avant de rencontrer Léa. Finalement je délaisse mes exercices et me lève pour me diriger vers ma bien-aimée. Je lui prends les mains et, avançant doucement la tête, pose mon front contre le sien. Finalement on éclate tous les deux de rire, et en gardant sa main gauche dans ma droite, je passe dans le couloir.
« Tu devais pas finir une page ?
- Aucune importance, j'ai encore deux jours. »
Je l'entends rire doucement tandis que nous descendons les escaliers. Nous arrivons au rez-de-chaussée et nous retrouvons les yeux dans ceux de Jérôme et Christelle, assis plus ou moins sagement l'un à côté de l'autre sur le canapé. Nous allons les rejoindre en souriant. L'ambiance est tellement détendue. Je change énormément. Je suis bien. Le film commence. Les retrouvailles de la famille Addams. C'est gentillet, c'est rigolo. Je ne sais pas pourquoi on a mis ça, ni qui a choisi ce film. Mais on rit tous les quatre en le regardant.
Et puis finalement on ne le regarde plus vraiment, on parle. Christelle raconte des anecdotes de sa jeunesse, et Jérôme en rajoute que je n'avais jamais entendu. Léa aussi parle un peu. J'interviens parfois, mais ne dis rien sur moi. Seulement, personne ne me le demande. Ne parle que celui qui en a envie. C'est peut-être simplement cela, une véritable famille. C'est peut-être cela que j'ai manqué depuis si longtemps. Une courte sensation de nostalgie m'envahit, rapidement balayée par le bien-être que j'éprouve ici et maintenant. L'heure passe, et finalement Christelle lance :
« Ceci dit faudrait peut-être que tu ailles te coucher, Léo ! Tes concours commencent dans un peu plus de 48 heures. »
J'acquiesce en souriant.
« Bonne nuit tout le monde. J'y vais.
- Je vais me coucher aussi, dit Léa en se levant après moi. Bonne nuit.
- Pareillement à vous deux.
- Bonne nuit, à demain. »
Léa et moi nous éloignons. Une telle soirée aurait du se poursuivre à jamais.