Etoiles d'Encre
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Comment participer ?Comment participer ?  ConnexionConnexion  
-28%
Le deal à ne pas rater :
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 couverts – L60cm
279.99 € 390.99 €
Voir le deal

 

 Fragment #84 - L'Autre Dieu

Aller en bas 
AuteurMessage
Altaïr

Altaïr



Fragment #84 - L'Autre Dieu Empty
MessageSujet: Fragment #84 - L'Autre Dieu   Fragment #84 - L'Autre Dieu Empty09.04.08 20:24

Samedi 16 septembre 2006
à Dijon

J’ai faim. Il y a cette sensation de vide dans mon ventre, la contraction permanente de mon estomac et le gargouillis incessant de mes entrailles qui réclament leur pitance. Julian Mahogany a faim. Il fait nuit, déjà. Ca tombe si vite, maintenant. Et ça ne fera qu’empirer. Pourquoi sont-ils en retard ? Nous nous sommes donnés rendez-vous sur la place Darcy, sous la Porte Guillaume, notre petit Arc de Triomphe dijonnais.
Je déteste que l’on me fasse attendre. Peut-être est-ce pour cela que j’ai détesté Jonathan dès les premières secondes. Ou peut-être à cause de ses mains viriles et blondes pressant la main de son petit ami, ou ses bras puissants enroulés autour de Jed, ce Jed si frêle comparé à lui. Ou peut-être encore parce que Jed le regarde avec des yeux qui le métamorphosent, le rendent complètement différent de ce Jed que j’ai vu la dernière fois. Y a-t-il plusieurs Jed ? Y a-t-il plusieurs Julian ? Combien de facettes recèle-t-on en nous ? Ses yeux de chat langoureux et passionnés. Je ne te reconnais pas Jed. Peut-être ai-je détesté Jonathan pour tout cela à la fois. Pour ce sourire dépourvu de toute animosité qui s’étale sur son beau visage, sa barbe blonde naissante, sa petite perfection impudente.
« On va prendre un kebab ? suggère-t-il. »
Jed acquiesce, et je les suis, sans trop savoir, tout à coup, ce que je fais ici, avec eux. J’ai l’impression de me retrouver trois ans auparavant, au lycée, quand je tenais la chandelle en compagnie de Nalvenn et Mathieu. Je m’étais promis de toujours fuir cela.
Mon ventre se réveille en entendant le cri olfactif du kebab, l’odeur de viande qui cuit, ruisselante de sauce, des frites plongées dans l’huile bouillante, et cet étal de garniture, de salade, de tomates et d’oignons… Quelle sauce ? Sauce blanche. Nous déchiquetons nos kebabs à pleines dents, en arpentant les rues de Dijon. Mon ventre est rassasié, trop peut-être. Mais ce n’est que partie remise…

Jed et Jon m’ont emmené jusqu’à la porte de ce bar. Je connais le monde des masques, je l’ai visité de nombreuses fois à Paris, et pourtant la peur bat sur mon cœur comme sur un tambour. Le monde des masques est impitoyable, car tout n’y est qu’apparence et jugement. Je sais qu’à peine franchi, le seuil de ce bar sombre se changera en tribunal. Je ne sais pas si je suis prêt pour… Jon a sonné, le portier nous ouvre la grande porte. Nous entrons. Il faut descendre des escaliers en faisant attention à ne pas se cogner la tête. Et voilà la barre, le comptoir, et les jurés se retournent face à nous pour nous regarder entrer. Je me sens mal à l’aise, comme ces comédiens que l’on voit au théâtre, ces comédiens de beurre. La musique, assourdissante, le rythme tellurique, ravivent en moi des souvenirs d’été. Je me sens chez moi, finalement…
Nous nous installons tous les trois sur une banquette, autour de la petite table carrée et grise. Le serveur vient prendre notre commande. Je prendrais un verre de vodka. Pure. Les deux autres me regardent avec étonnement. J’aimais ça, à Paris, boire, sentir ma gorge brûler et la déflagration dans mon ventre.
Il me regarde.
Sur la piste, quelques jeunes se déhanchent. Le DJ les anime, comme un démiurge dans sa petite cabine. Ses mains contrôlent leurs mouvements, la lumière tourbillonne.
Il me regarde.
Je sens que ça me brûle, un regard, une paire d’yeux braqués sur moi. Je me retourne, et lors je le vois, de l’autre côté du bar, adossé contre un mur, un verre dans la main et une cigarette suspendue dans l’autre entre ses doigts, son regard tourné dans ma direction, avec un gracieuse nonchalance, une corolle d’assurance étendue autour de lui. C’en est un, un comme moi. Un dieu.
Revenir en haut Aller en bas
http://etoilesdencre.com/
 
Fragment #84 - L'Autre Dieu
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Fragment #26 - Mon Dieu
» Fragment #2 - Mon Dieu, qu'ai-je fait ?

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Etoiles d'Encre :: FRAGMENTS :: Julian-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser