Spica
| Sujet: Fragment #6 - Mon rêve (première partie) 19.05.08 14:47 | |
| Jeudi 17 août 2006 à New York Fin de journée. Je suis crevée, je dois encore prendre ce satané métro pour rentrer chez moi. Je descends dans le concourse pour prendre la F direction Downtown / Brooklyn. J’ai qu’une seule envie, rentrer le plus vite possible et oublier cette journée, faire comme si elle n’avait pas existé. Rien n’a été aujourd’hui, rien ne va en ce moment. Je swipe ma metrocard, et descend vers le quai. Il y a foule ce soir, pourquoi la journée devrait-elle s’améliorer ? Le F arrive enfin, la foule se presse pour monter. J’arrive a me frayer un chemin et a me placer près d’une rampe ou je pourrais m’agripper alors que le métro essayera de me faire chuter. Je suis la, à moitié endormie, à moitié vivante, bercée par ces mouvements lascifs de gauche a droite. J’ai l’impression d’être charmée, d’être envoûtée. Plus il avance et plus je me laisse aller. Mes mouvements deviennent plus amples, je touche une personne derrière moi. Je me retourne et regarde la personne pour m’excuser. C’est lui, mon homme du métro. Je souris, il me le rend. Un mouvement brusque du métro le fait s’avancer d’un pas, il se retrouve coller a mon dos, mes fesses au creux de son bas ventre. Je ne fais rien pour me soustraire a ce contact. Il me semble qu’il reste, il ne bouge pas. J’ondule au rythme du trajet, j’ai l’impression que nous sommes plus que tous les deux dans cette rame. Son corps se fait plus pressant, je sens son ventre sur mon dos et son souffle dans mon cou. Son odeur m’enivre, me saoule, me transporte. Le Male, mon parfum préféré. Ma tête se penche naturellement en arrière comme si nos corps connaissaient déjà la partition, tout parait si naturel, aucune hésitation. J’hume, je le respire plus, j’amplis mes poumons de son être, de son odeur ainsi je sais que je l’aurai pour toujours en moi. Dieu que c’est bon, bon de se sentir aimée et désirée. Son désir se fait d’ailleurs ressentir et devient de plus en plus pressant sur mon corps. Une main, la mienne ou la sienne, je ne sais plus quel corps est le mien, glisse sur un flanc, saisi une hanche pour que les corps se soudent davantage. Ses lèvres se déposent sur ma peau, un baiser humide et chaud. Quel bonheur. Tiens que se passe-t-il, il me prend par la main et m’entraîne hors de la rame. On se transporte, léger comme l’air. J’ai l’impression de flotter. Je ne sais pas comment on a fait mais on se retrouve dans son appartement, dans sa chambre. Nos bouches se cherchent, nos langues se livrent un duel, pour savoir qui donnera le plus de plaisir a l’autre. Nos mains ne restant pas inactives, on se touche, on se découvre, même si j’ai l’impression de tout savoir. Je retrouve sa cicatrice sur son ventre juste en dessous du nombril, comme si je savais qu’elle était déjà là. Lui m’embrasse, me caresse, me fait l’amour. Je me retrouve enfin en osmose, j’ai enfin l’impression d’être complète. Je suis au paradis avec un ange, et il me fait l’amour comme un dieu. Le pêché d’Adam et Ève ne m’a jamais paru si divin, et c’est avec délice que je le vois croquer dans cette pomme. Je m’endors sans lui avoir dit un mot mais en ayant l’impression de le connaître depuis toujours. Je suis contre son torse et j’entends les battements de son cœur qui me rappelle qu’il n’est qu’humain alors que pour moi, il sera ma nouvelle religion. Je ne veux pas m’endormir et me réveiller. Je veux que ce moment dur pour toujours. Mon esprit vagabonde déjà… | |
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