Fragment #9 - Le démon du passé

Lundi matin, journée glande au bureau. J’adore prolonger mon week-end d’un jour alors que tout le monde travaille. Une journée zen à me recentrer, enfin surtout à me reposer. J’ai plein de coup de fil à passer et il faut surtout que j’appelle François, mon confident, mon ami, mon amant et mon amour.
« Allô François, c’est Cam. Je te dérange ?
- Salut ma belle. Non, tu ne me déranges jamais. Ça fait longtemps, tu vas bien?
- Oui. J’appelais surtout pour te dire que j’ai rencontré quelqu’un François. Il s’appelle Marc. On a passé le week-end ensemble. Et oui, on a couché ensemble, donc pas la peine de me poser la question ou d’essayer de me culpabiliser.
- Je t’aime.
- Ne me dis pas ça. Tu n’as plus le droit de me dire ça.
- Ben que veux tu que je te dise ? Tu appelles pour avoir ma bénédiction ? Tu ne l’auras pas ! Je ne comprends toujours pas ce que tu veux et quand tu le sauras, je pense qu’on aura fait un pas. Deux ans Camille. Deux ans que tu vis à 6000 km et que j’attends.
- Je ne t’ai pas demandé de m’attendre.
- Tu es égoïste. Tu ne penses qu’à toi. Tu veux te faire baiser par tous les ricains, vas-y mais ne m’interdis pas de te dire que je t’aime.
- François, tu sais très bien que ce n’est pas le moment. J’ai ma vie à faire, ma vie est ici. Je t’ai demandé de me suivre, tu n’as pas voulu. Maintenant, il est trop tard. Tu peux tout me mettre sur le dos, ça ne changera pas le fait que tu ne sois pas venu quand je te l’ai proposé. Et puis, ça fait bientôt 2 ans, je vais rester célibataire toute ma vie. Je regrette, je n’aurai pas dû t’appeler.
- Alors n’appelle plus. »
Je reste le combine colle a l’oreille. J’entends simplement ce bruit continu qui m’indique que ma discussion avec François est finie. Surtout ne pas craquer. Pas ici, pas devant ces commères. Il faut juste que j’arrive jusqu’aux toilettes. Je me lève et me dirige vers mon lieu de refuge. J’espère que personne ne me parlera car si j’ouvre la bouche, mon flot de sanglot, mes pleurs se déverseront. J’arrive aux toilettes sans encombre et m’enferme dans une cabine. Je me laisse aller le plus silencieusement possible. Aucun son ne doit sortir, personne ne doit savoir que je suis faible. François, mon François. Personne ne lui arrivera à la cheville. S’il savait comme je l’aime. Avec chaque larme qui coule sur ma joue, un souvenir me revient. Nos vacances a Honfleur, le camping, les hôtels, la piscine… tout revient… chaque resto fait ensemble, chaque ballade, chaque baiser… je repense à notre première fois et ses mains maladroites. Je me mets à sourire en ravivant tous ces souvenirs et parcours notre relation comme si je regardais un téléfilm de M6 (ceux du dimanche après-midi). Je dois avoir l’air d’une folle, pleurant avec un énorme sourire. Mon mascara a coule, mes lèvres tremblent. Il faut que je me ressaisisse. J’essuie mes larmes, essaie de réparer les dégâts. Devant le miroir, je reprends petit à petit forme humaine. La seule chose que je ne pourrai pas cacher, ça sera mes yeux bouffis. Je sors des toilettes et retourne m’asseoir à mon poste. Heureusement, je n’ai croisé personne. La lumière rouge sur mon téléphone m’indique un nouveau message. C’est sûrement François. Je décroche, appuie sur la touche Message, compose mon code d’accès.
« Allô Cam, c’est Marc. Je voulais juste savoir comment ça allait et si tu voulais faire un truc ce soir. Rappelle moi ! Bisous. »
Pas d’autres messages. Je ne vais pas le rappeler quand même. Le message de Marc me redonne un peu le sourire mais François… Je vais rappeler Marc et confirmer pour ce soir. Il faut vraiment que je passe à autre chose.