Fragment #17 - Le jour des enfants ?

Mercredi, milieu de semaine… Après demain, c’est les vacances ! Je rentre avec François en France pour deux semaines. Enfin, ce voyage est planifié depuis quelques temps mais je n’avais pas prévu cela. Il s’est débrouillé pour prendre une place près de moi dans l’avion. Ce midi, je saute la pause déjeuner pour aller faire deux ou trois achats. Abercrombie & Fitch (A&F), Banana Republic ont ma préférence. J’adore aller chez A&F, celui de la 5ème avenue, parce qu’il y a le mannequin mâle à l’entrée… Il est trop craquant avec son sourire et ses yeux rieurs, et son torse, comme diraient les Américains a walking-felony ce que je traduirais vulgairement par appel au viol. J’ai acheté plein de cadeaux pour mon petit frère. Il a 20 ans, l’âge bête. En revenant des boutiques, je m’aperçois qu’il est deux heures passées, je suis à la bourre. Tiens je vais passer m’acheter une glace chez Ben&Jerry’s. Une coupe de chocolate therapy me serait bien utile avant de retourner au bureau. J’aime bien le mercredi, et le mercredi je prends le temps de rester une enfant et je ne m’occupe pas de tous ces problèmes d’adultes. Je ne veux me prendre la tête pour savoir si je vais rentrer à Paris, ou au sujet de la lettre. Je veux juste profiter de ma journée surtout que le soleil s’est enfin décidé à venir me saluer.

J’arrive à mon building au 1251, Ave. Of the Americas et je me précipite dans l’ascenseur avec tous mes sacs juste avant que la porte ne se ferme. Il y a quelques personnes dans l’ascenseur. Je ne fais pas attention aux autres derrière moi. J’appuie sur le bouton du 34 et lorsque je reprends ma place, je sens une main sur mes fesses. Non, ce n’est pas possible aux Etats-Unis, ils ont trop peur d’un procès pour harcèlement. Ca doit être un sac. Je me retourne l’air de rien et là, je découvre que c’est bel et bien une main, la main de Marc. Je n’en reviens pas de son culot. Il ose me toucher les fesses devant tout le monde alors que la semaine dernière je lui ai présenté mon fiancé. Je n’arrive toujours pas à me faire à ce mot là ! Je le regarde durement et me retourne sans même le saluer. Là, à nouveau je sens la main sur mes fesses. L’ascenseur se vide. On se retrouve tous les deux. Je m’interdis de le regarder ou d’avoir une discussion polie (comprendre chiante) avec lui. Je sens son souffle dans mon cou. Quel culot ! Ouf, la porte s’ouvre et je dois descendre. Il vient de bousiller ma journée des enfants et mes petits plaisirs du jour. Le monde adulte est bien chiant, il y a toujours une personne pour vous rappeler vos problèmes.

J’arrive à mon bureau, m’assois. La boss arrive pour me donner du boulot. Cette journée est donc clairement foutue. Je reçois en plus un email de François, qui m’indique que ses parents ont récupéré son courrier et qu’il y avait une lettre de moi. Ils ne l’ont pas ouverte mais se sont un peu inquiétés. Il aimerait savoir quand je lui ai écrit et ce que je disais. En fait, oublier ses problèmes ne permet pas de les résoudre… Pourtant, comme je l’avais décidé, aujourd’hui je ne prends aucune décision. On verra demain, ou pas.