Fragment #29 – Retour à Dijon

Quel pied, de se réveiller dans son lit, après environ trois semaines passées loin de chez soi, sur un autre continent où tout nous est étranger. Hier soir, je suis arrivé de Paris où l'avion nous avait déposé, en train, et j'ai retrouvé ma ville, mon chez moi, mon Dionysos. Léonie, essoufflée, m'a presque sauté dans les bras. Oui, je suis là, Léonie, prêt à reprendre les rênes. Mais d'abord, laissez-moi me reposer une bonne nuit, et demain je serai de nouveau d'attaque.
Je reste allongé dans mon lit. Mon grand lit. Celui où Méryl dormait à côté de moi. C'est bien aussi, d'être seul. Ca fait plus de place. Mais c'est plus froid, aussi. Je sais pas, c'est plus fort que moi. Il y a des visions de l'Afrique qui me reviennent, des images qui ont dû me marquer plus que je l'imaginais. Charly, mon père, sa boutique, les flics, M. Mancabou, Charlie Collomb et son ami Steve, les deux anglais... Tout se range dans ma tête : une foule de souvenirs colorés, avec des cris d'enfants, la chaleur. Ici, il fait un froid épouvantable.
J'ai accroché le masque sur le mur du Dionysos, derrière le comptoir. C'est mon seul souvenir matériel de là-bas. La seule chose qui me prouve que j'y suis vraiment allé, que c'était pas un rêve.
Se réveiller, après l'Afrique, c'est comme sortir d'un rêve un peu bizarre. Alors c'est ça, de voyager ? Finalement, je regrette d'avoir commencé à quarante-neuf ans. C'est pas parfait, mais c'est pas si horrible que je l'imaginais. Bizarre, que je m'en rende compte qu'une fois rentré chez moi.
J'ai pas eu l'impression de profiter, là-bas.