Fragment #25 - Sans amour

Je rentre du travail, épuisée. Après avoir passé la journée dans la fournaise des grills, voilà que je me fait bouffer par le froid glacial et humide de décembre. Ce temps est vraiment insupportable, surtout quand on bosse à McDo, surtout quand on dort mal et quand on est, du coup, d'humeur désagréable. Je pousse la porte de notre appartement, rue de la Folie-Méricourt. Simon est là, il ne parle pas. Comme d'habitude. Il écrit un de ses scénarios stupides sans faire attention à moi. Notre ignorance mutuelle est devenue rituelle. Ce soir, je n'ai pas envie que ça se passe comme ça.
« Alors, t'es en vacances ? Ca y est ?
- Oui, il me répond, un peu étonné que je lui adresse la parole. Ca va me faire du bien.
- Tu vas voir une différence, tu crois ? »
Regard assassin. Il l'a bien cherché. Il m'énerve, aussi, à ne jamais rien faire et à toujours se plaindre. Ce type est un véritable parasite de la société, imbu de sa petite personne et détestablement arrogant.
« Si c'est pour me faire chier, Laura, je préfère que tu fermes ta gueule.
- Ah ouais ? Moi rien que ta présence dans mon champ de vision, ça me fait chier.
- Ok, ben si c'est comme ça... »
Il se lève, prend son manteau, et sort en claquant la porte.
Je me retrouve seule, dans le silence, et je m'effondre sur le lit, sans même prendre une douche. Les larmes me montent aux yeux mais n'arrivent pas à couler. Je sens la colère pulser dans mon ventre et se muer en haine.
Lorsque Simon rentre, vers trois heures du matin, il se déshabille et se couche à côté de moi. Je me baisse, sous la couette, au niveau de son entrejambe, pour lui faire une fellation.
Il se laisse faire, puis me retourne et me prend, sans rien dire, à quatre pattes sous les draps. Nos cuisses claquent en rythme. Aucun murmure, aucun soupir. L'un comme l'autre avons besoin de nous défouler.
Nous jouissons à quelques secondes d'intervalle, sans amour.