Fragment #9 - Ampute mon âme

Assis dans un fauteuil, j'observe mon cadeau. Le fourreau est en cuir noir, serti d'or pur. La peau est imprimée de dessins en relief, je ne les reconnais pas tous, cependant certains me parlent, comme les signes du zodiaque, ou bien un grand bateau ailé.
Le manche du couteau est en bois noir simple et nu, légèrement courbé. Le bout est protégé par un anneau en or qui étend des fils vers la lame à travers le bois. Je sors la lame du fourreau.
Longue d'une vingtaine de centimètres, elle est courbée vers le haut et gravée de différents signes : étoiles, lunes et soleils. Le métal brille d'un éclat froid et bleuté.
J'observe sans me lasser cet objet meurtrier, m'interrogeant sur sa provenance, son âge, son histoire. La poignée semble parfaitement adaptée à ma main et je sens son essence parler à la mienne, lui murmurer les secrets enfouis en lui.
Fasciné, hyptnotisé, je ne vois pas les heures s'écouler.

Mon estomac me sort de cette transe, réclamant, à cor et à cri, nourriture et boisson. Je me sens étrangement apaisé, comme si ce couteau avait aspiré une part de moi, amputé une partie de mon âme, mes désirs les plus noirs enfouis en lui.
Je m'apprète à quitter ma chambre, toutefois l'idée de l'abandonner sur le guéridon me répugne.
Incapable d'en détacher mes pensées, je décide de l'attacher, sous mon pantalon, à ma hanche.
Le contact du fourreau sur ma cuisse, au départ génant, devient rapidement rassurant.