Fragment #31 - Il me faut de l'air

C'est moi qui ai amené Julian et Lola et ma nièce Kokhavah à Paris, en voiture, avec un maximum d'affaires. On est arrivé hier après-midi et on a commencé à les installer dans leur nouvel appart. J'ai dormi chez les anciens colloc de Ju', qui habitent juste un étage en dessous : une petite nana un peu ronde mais méga excitante avec qui j'ai fini par m'envoyer en l'air dans la nuit, Juliette, et un mec bizarre, qui parle sans arrêt de ses trips SM, Sergueï. Aujourd'hui, il va falloir aller à IKEA pour choper quelques meubles et deux ou trois bricoles. Je me suis levé tôt, mais Julian et Lola dorment encore, alors j'en profite pour ranger un peu dans l'appart des collocs.
Je descends dans la cour de la résidence. Il fait très froid. Un type joue avec un couteau pas loin de l'arbre, et il me suit du regard. Je vais dans le local à poubelles pour balancer des bouteilles qui s'accumulaient dans la cuisine. C'est un vrai bordel, chez ces gens, j'hallucine qu'on puisse vivre dans un truc pareil. Même moi je suis pas aussi crade.
On me fout un coup dans le dos. Je tombe en avant sans comprendre, me retourne et vois une fille -mais c'est qui cette connasse ?- qui me balance un coup de pied dans le ventre. J'ai la respiration coupée sur le coup. Elle est forte, la salope. Ses mains se plaquent autour de mon cou et me serrent, impossible de les enlever, impossible de me relever ou de crier à l'aide. Elle écrase ma gorge et la comprime encore et encore, et je commence à manquer d'air, je peux plus respirer, je peux plus bouger, je sens mes poumons qui se vident sans se remplir ensuite, mes poumons, ils appellent à l'aide, je suffoque, à l'aide, je veux respirer, respirer, respirer, la salope me maintient avec une putain de poigne, je sens que je vais perdre connaissance, je sens que je vais pas pouvoir tenir, ça brûle, ça brûle à l'intérieur putain, il me faut de l'air sinon je vais crever comme une merde dans ce putain de local à poubelles de merde, étranglé par une putain de connasse.
Les choses deviennent floues autour de moi. Les choses disparaissent. C'est comme si je m'endormais. Les choses deviennent noires. Je ne vois plus rien. Pas même mes pensées.
Tout s'éteint.