Tureïs
| Sujet: Fragment #40 - Rêve de complicité 25.01.09 16:58 | |
| Dimanche 25 janvier 2009 à Paris Je rejoins Isabelle dans sa suite. Je toque à la porte, en bois épais. Elisabeth apparaît alors que la porte s’ouvre. Les cheveux défaits, le regard tiré, le teint terne. Seule la lumière des lampes éclaire le salon, les rideaux sont tirés. - Salut, entre. Son ton est amorphe, une tentative de sourire s’est bien vite enfuie et son regard est resté aussi vide qu’une nuit sans étoile. J’entre dans le salon et me dirige vers la première fenêtre. La lumière entre à flot, effaçant la triste lumière artificielle. - Bon va te doucher, te maquiller et te changer. Je t’attends dans vingt minutes au bar ! Tu joues à quoi ? Mon ton est énervé, agacé, presque plein de mépris. - Maël ! Ne me parle pas sur ce ton, je suis ton aînée et tu me dois le respect. - Oui c’est ça, si tu ne fais pas ce que je te dis, j’appelle Olivier et je lui dis où tu es. Pour quelqu’un qui m’a toujours dit de tenir mon rang, tu es dans un état pitoyable. Je sors de l’appartement agacé par cette mise en scène et quelque peu inquiet. Elle arrive vingt minutes plus tard, maquillée et coiffée. Belle, encore et toujours malgré la fatigue qui apparaît sous le maquillage. Je finis mon Bourbon tandis qu’elle s’approche de moi. Je me lève et la saisis par le bras. - Allez, viens. On va se promener. - Je ne suis pas une gamine Maël, tu me demandes mon avis avant de décider de ce que l’on fait. Mais bon j’accepte ton invitation. Quelle conne, c’était donc bien une mise en scène dans sa suite. Je commence à me demander ce qui reste d’elle, ce qui n’est pas du théâtre. Ma sœur est un dragon.
Nous marchons, direction les Champs-élysées. Au départ, le silence est pesant. Elle marche comme si le trottoir était un podium de défilé, ses hanches se balançant gracieusement au rythme de ses pas. Les hommes la regardent et se retournent, elle ne les voit pas. Pauvre petite fille perdue dans ses mirages qui écoute les chimères de son enfance. Pauvre femme perdue dans sa propre image, noyée derrière des apparences ; enfermée derrière des murailles qu’elle a elle-même érigé.
Je m’allume une cigarette qu’elle vient m’arracher, se la glissant entre les lèvres. - Hum, j’en rêve depuis des années. Ma sœur a arrêté pour Olivier. - Fais toi plaisir, vas-y. Je m’en rallume une, et nous voilà partis, devisant tranquillement. Ma sœur est en train de jouer pour qu’on puisse parler, elle feint cette proximité. Mais peu importe, pendant les instants qui suivront, nous nous nourrirons tous deux d’un rêve de proximité et de fraternité.
Nous parlons de sa stérilité, de la maternité qu’elle ne connaîtra jamais, femme amputée. Nous parlons de ce qu’elle croyait désirer : une vie de femme au foyer, respectable et bien entourée. Rêve effondré sur les ruines de sa féminité. Elle avoue n’avoir jamais aimé Olivier, l’avoir tout au plus toléré. Je lui reproche d’avoir essayé de vivre la vie que nos parents nous souhaitaient, d’avoir perdu ce qu’elle était. Enfin elle aborde sa thèse, son désir de d’enseigner, d’être une mère par procuration. Elisabeth se découvre enfin des projets et des envies, elle veut un appartement à elle. Moi je la pousse à mettre Olivier dehors, c’est-elle la propriétaire de leur appartement. Mais non, elle préfère vendre, s’en débarrasser - Je ne pourrais pas vivre dans cet endroit. Il y a trop de moi dans ces murs, trop d’un moi que je voudrais oublier. Et toi ? Que vas-tu faire de ta vie ? Je n’ai rien contre le fait que tu sois pion mais bon…
Nous reprenons nos éternels combats, elle vivant dans le désir de réussir, dans le désir de se construire ; Moi vivant pour… Vivant pour quoi ?
Dernière édition par Tureïs le 27.01.09 23:26, édité 1 fois | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #40 - Rêve de complicité 25.01.09 17:07 | |
| Oh putain mais je suis complètement fan | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #40 - Rêve de complicité 25.01.09 19:04 | |
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| Sujet: Re: Fragment #40 - Rêve de complicité | |
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