Fragment #55 - Défouloir

Laetitia m'ouvre la porte et écarquille les yeux en découvrant mon visage. C'est joli, comme ça, ça te plait ? J'ai l'air d'un dur comme tu les aimes, avec cette putain de cicatrice en travers de la gueule ? Avoue que ça t'excite, hein. Il va falloir t'y habituer tu sais, à mes mains sur ta bouche comme ça, à mes doigts comme des griffes qui déchirent des habits, à mes dents qui te mordent, à ma queue qui rentre en toi et te viole sur le parquet de ton appartement. Il va falloir t'y habituer, parce qu'aucune autre fille va vouloir de moi, maintenant.
Toi, c'est différent. Je sais que t'aime ça, sentir la paume de mes mains te claquer la gueule, et que je tire tes cheveux pour mieux te cambrer. Allez ma jolie jument, au pas, je vais te dresser moi, tu vas voir. Je vais faire déferler ma colère sur toi, et ma rage. C'est juste, ce qui m'est arrivé ? Tu trouves ça juste ? Tu crois qu'il existe une justice dans ce putain de monde pourri ? Tu sais, je vais avoir vingt-six ans cette année. J'ai une gosse, une ex femme. Je suis un pauvre type et ça me démonte, tout ça. J'arrive pas à croire que les choses puissent tourner aussi mal, que le sort puisse s'acharner comme ça sur nous. Qu'est-ce qu'elle a fait, notre putain de famille, pour qu'il nous arrive autant de merdes ? Pour quelles horreurs passées est-ce qu'on doit payer ? J'ai tué celui que mon frère aimait, et j'ai déchiré mon visage. Quel Dieu peut laisser faire ça ? Quel Dieu peut m'en vouloir à ce point ?
Laetitia se recroqueville sur elle-même, nue sur le plancher. Je jouis sur son corps froissé. Quelques gouttes de sperme sur ta peau douce, ma belle. En souvenir de la dernière fois.
Maintenant, on est quittes, tu vois.