Fragment #48 - En vue d'un nouveau tournage

« Frites et coca ?
- Non, cheese'n onion, s'il-vous-plait.
- On ne fait plus ça monsieur, c'est de nouveau les potatoes.
- Oh j'y comprends pu rien moi. »
Qu'est-ce que tu veux que je te dise, gros lard ? Je m'en fous royalement, prend ton Royal Cheese et lâche-moi les basques. Je préfèrerais être loin d'ici et de ta sale gueule, et me plonger dans un film dans une salle obscure, ou bien écrire le scénario de mon prochain court-métrage, allongée dans l'herbe d'un parc parisien. Pour le réaliser, je vais devoir faire appel à l'équipe de l'an dernier. Christophe en assistant, même s'il est passablement insupportable, Eric au cadrage, Anna pour le maquillage, Fabien en régie, Eloïse en tant que scripte, Jérôme en ingé son et Lucie comme perchiste ; quant à Max et Stan, ils avaient beau être nonchalants et abrutissants, ils faisaient de bons éclairagistes. Pour finir, je suppose que Damien acceptera de jouer à nouveau les photographes de plateau, je lui en parlerai dès qu'il reviendra.
Ne reste plus qu'à séduire tout ce petit monde avec un scénario du tonnerre. Pour les comédiens, je verrai plus tard. C'est l'histoire qui compte avant tout.
« Laura, tu vas rêvasser en pause s'il-te-plait, les clients ils vont pas se servir tous seuls. »
Juliette m'expédie avec hargne en salle équipiers, et j'obéis sans lui tenir tête, attrapant au passage de quoi grignoter un peu. Juste un hamburger et une bouteille d'eau pour essayer de me caler, mais rien de plus. Inutile de prendre des kilos supplémentaires ici, d'autant qu'Alex, dans sa grande mansuétude, n'a pas respecté ma liste de courses spéciales minceur et nous a acheté -entre autres- des rillettes et du saucisson. Je ne peux pas le blâmer, car j'ai trop salivé devant la charcuterie pour prétendre que je n'y toucherai pas. Et après tout, je ne veux pas ressembler à Sylvie, à ses régimes draconiens, à sa minutie alimentaire insupportable et permanente. Pitié, ne me dites pas que je tiens d'elle, je ne m'en remettrais pas.