Fragment #177 - Juste au bord du gouffre

Je me lève en sursaut, trempée de sueur. J’étais le serpent, et on me criblait de coups de poignard, et chacun de ces coups me faisait jouir un peu plus fort.
J’ai mal à la tête, et en essayant de me mettre sur mes jambes, je comprends que je ne tiens pas debout. Mes muscles sont trop faibles, et l’alcool me fait trembler. En me tenant aux meubles, j’arrive à tituber jusqu’à la salle de bain ; je m’effondre dans la baignoire de ma suite grand luxe. Je tourne le robinet, et ma divine eau s’écrase en pluie fine sur ma tête. Elle est glacée, mais elle bout au contact de ma peau. Je ferme les yeux, retiens ma respiration, fais couler ma délivrance de la racine de mes cheveux à mon menton anguleux. Je pourrais mourir sous l’eau, entourée de ses bras protecteurs. Elle me murmure des choses douces, et je n’ai plus peur de la mort.
Mais mon corps se bat pour rester en vie, et instinctivement, je repousse le jet d’eau, et inspire à nouveau ; et c’est là que je comprends : la vie ne vaut pas la peine d’être vécue si on ne se bat pas pour elle, de toutes nos forces, et jusqu’au bout. Je me relève, enfile un peignoir, et prends la décision la plus importante de ma vie ; je ne me laisserais pas couler.
J’attrape mon téléphone, compose le numéro d’Erick après un silence de plusieurs mois.
« Erick… » Ma gorge est sèche, les mots ne veulent pas sortir. Je déglutis.
« I need help. »