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 Fragment #17 - A ma mère.

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Isis

Isis



Fragment #17 - A ma mère. Empty
MessageSujet: Fragment #17 - A ma mère.   Fragment #17 - A ma mère. Empty08.04.10 0:04

Mardi 6 avril,
à Lyon

J’emménage aujourd’hui. Elliott devait venir m’aider mais on lui a proposé une collaboration, juste le temps des vacances, dans une boîte de communication. Il a accepté. Je le comprends. Par contre, je me retrouve seul. Seul avec moi et moi-même. Tous ces objets, importants et superflus auxquels on s’attache et qui constituent notre vie. Les gens se plaignent de la routine de leur vie mais pour rien au monde ils ne voudraient jeter toutes leurs affaires pour changer tout simplement. Peut être est-ce là, la clef de la volonté. A défaut d’être assez fort pour s’imposer telle ou telle conduite de vie, autant se changer indirectement, par les objets qui nous entourent. Peut être que cela changera une personnalité. Cela pourrait bien changer une vie.

Juliette va venir me donner un coup de main pour aménager cet appartement. J’ai déjà monté tous mes cartons, au quatrième étage.
Je profite d’un rebord de fenêtre excessivement grand pour m’y assoir, dos contre le montant en béton de cette fenêtre neuve. Evidemment, maintenant, la fenêtre est ouverte, mais les rayons du soleil me réchauffent. J’ai vu sur la Saône. Le quai est bordé d’une multitude d’arbres, dont les bourgeons commencent à pointer le bout de leurs nez. Les gens s’affairent sur ce quai. Après tout il n’est que quatorze heure. De légers embouteillages se forment mais le bruit qui en résulte reste tout à fait correcte par rapport à l’appartement que je partageais avec Hanna.
Je suis très bien assis, ici, à cinq ou six mètres du trottoir, en hauteur. Je me vois déjà en train de dessiner ce quartier.
Je referme la fenêtre pour m’installer dans un fauteuil que je place juste devant. Les rayons y sont amplifiés. Je me recroqueville et m’endort.

J’entends des cloches sonner. Tout est noir. Juste le son de ces cloches m’atteignent. On me prend par la main, comme pour me guider. Je dois avoir un bandeau sur les yeux. On m’emmène. Ou ? Je ne sais pas. Mais le chemin emprunté est parsemé d’obstacles, tous plus difficile les uns que les autre. Pourtant, je ne bronche pas. J’ai l’impression d’entendre comme une foule de supporters qui ovationne son équipe de football. On m’arrête. Tout s’arrête autour de moi. Le sol s’est ramollit depuis peu. On met dans mes mains deux choses très gluantes. Au toucher, ce sont deux sphères, prolongées d’un fil assez rigide mais qui semble être très fragile. Soudain, je sens quelqu’un me prendre par la nuque et me baisser de manière à poser mes yeux bien à plat contre la paume de mes mains. Il ne fait plus noir autour de moi maintenant. Au contraire. Je viens de réaliser qu’on m’a donné mes yeux et qu’on m’a forcé à les mettre. Je n’avais pas de bandeau sur la tête. « On », c’est Hanna, celle qui m’a pris par la nuque et Isabelle qui m’a indiqué le chemin. Elles me regardent, tristes. Nous sommes dans un cimetière, devant une énorme fosse. Je distingue au fond un cercueil. Sur la pierre tombale, je peux lire :

« Ci gît Nicole Lilithe, née Simon. A ma mère que je n’ai jamais acceptée. »

Cette dernière phrase est pour moi, je la ressens comme si on m’arrachait les tripes. En y regardant de plus près, ce sont bien mes tripes qu’on est en train d’arracher. Hanna s’en occupe pendant qu’Isabelle me chuchote calmement à l’oreille :

Comment veux tu qu’elle t’accepte si tu lui en veux à cause de sa maladie? Elle voudrait te parler de tout ça. Tu dois la rejoindre maintenant.
Je suis comme tétanisé. Hanna me regarde droit dans les yeux. Elle se tient juste en bordure de la fosse, tenant à la main mes boyaux. J’ai l’impression qu’ils sont aussi lourds qu’une enclume. Elle les lâche et je tombe, emporté par ce poids organique. Je tombe sans m’arrêter. Les cloches sonnent à nouveau. Non, en fait c’est un échos, on m’appelle.

- Gab. Gaby. Gabriel ! Oh, tu te réveilles ? J’ai pas beaucoup de temps à t’accorder pour emménager alors on fait ça fissa ok ?

- Ok Juliette. Laisse-moi juste boire un verre d’eau.
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