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 Fragment #263 - Rome, ville ouverte

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Altaïr

Altaïr



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MessageSujet: Fragment #263 - Rome, ville ouverte   Fragment #263 - Rome, ville ouverte Empty12.04.08 17:49

Samedi 21 juillet 2007
à Rome

Voilà une semaine que nous sommes installés à Rome, mais à mon grand ennui nous ne quittons presque jamais l'hôtel, à part pour sortir dans des boîtes de nuit lors de soirées privées où, bien entendu, Laetitia n'a aucun mal à nous faire pénétrer. Nous buvons, nous dansons, dans la foule des jeunes romains VIP. Nos corps s'humidifient de sueur car la chaleur, ici, est insoutenable. Laetitia fume clope sur clope et aspire les rails de coke les uns à la suite des autres. Elle engouffre en elle de multiples poisons tout au long de la nuit, comme un gouffre sans fond. Dans ces moments là, elle me rappelle Sylvia, Hécate aux cheveux de Sang, l'ancienne membre du Clan de Maïa et Sethi qui se nourrissait de drogues diverses et d'éthanol en surdose.
Puis nous rentrons tous les deux au matin dans notre chambre, nous tombons sur le lit, nous baisons sans même prendre le temps de nous déshabiller entièrement. L'odeur des tissus imprégnés de nicotine et de transpiration nous excite. Lorsque nous nous réveillons enfin, la journée a été dévorée par le temps, déjà, et je sors quelques instants à peine pour arpenter les rues du Trastevere, manger des glaces et m'acheter un paquet de clopes -car oui, peu à peu au contact de Laetitia je prends goût à ce souffle empoisonné qui m'a toujours fasciné sur les lèvres des autres.
Les monuments les plus célèbres ne m'ont pas impressionné, le Colisée m'a même semblé insignifiant. Comme si à force de les imaginer grandioses, j'en avais oublié qu'ils étaient réels et, par conséquent, imparfaits. Je suis toutefois resté abasourdi devant la Fontaine de Trévi. Alors que je la contemplais, tous les touristes abrutis ont disparu de mon champ de vision, je me sentais seul face à la beauté pure de l'Art, l'eau cristaline glissant sur la pierre blanche des corps aux muscles saillants, de ces tritons, de ces chevaux amphibies, et le dieu Neptune dressé comme un parent antique dans toute sa noblesse.
Je contemple la ville aux multiples collines, écrasée par une chaleur à crever. Et tout en étant émerveillé, je me demande à quoi bon. Laetitia m'entraine dans son gouffre et je sais combien tout cela est dangereux, quand bien même je suis irresistiblement attiré par les ombres. L'alcool, la drogue, le sexe. Ces addictions qui reviennent, toujours. Qu'est-ce qu'on fait de nos vies ? Pourquoi chercher à nous détruire ? Je me complais dans cette vie de bohème, à dépenser de l'argent, à me trouver beau et intelligent, à faire la fête tous les soirs dans une des plus belles capitales d'Europe. Mais il y a aussi la culpabilité, une angoisse latente, quand je pense à toute la laideur et à la misère du monde...
Laisse moi sortir ! Laisse moi sortir ! Tu n'es pas moi !
Je suis toi, mais je suis moi aussi, de plus en plus. Et de cela, personne ne s'en est aperçu.
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