Fragment #456 - Je suis celle qui comprend les autres mieux qu'ils ne se comprennent eux-mêmes

Dernière édition par Altaïr le 31.10.08 19:30, édité 1 fois

Mercredi 22 octobre 2008
à Dijon

Il n'est plus là ? J'ai dû le rêver. Joan s'est dissout de lui-même à Barcelone, j'ai récemment désintégré Julian jusqu'à la dernière miette, et je suis l'unique et entière maîtresse de ce corps seyant de jeune homme romantique, devant lequel tous les hommes et toutes les femmes se ploieront comme des roseaux inclinés par le vent, des joncs magnétisés par mon aura.
Ce matin je fais mes affaires. Donatella, ma « mère », est venue m'aider avec Lilian à plier mes vêtements, à ranger ma maigre valise. Elle me ramène au bercail, ce soir, là où Julian a grandi. Là où j'ai grandi ? Non, je n'existais pas. Je n'ai pas connu tout ça.
Mais alors, comment puis-je m'en souvenir avec une telle acuité ?
Je dis au revoir à Guillaume, le psy, à Maura, l'infirmière, et, à Dimitri, mon camarade de chambre, je lance un jovial « bonne continuation ». Ce à quoi il répond par une simple moue dédaigneuse, comme si je ne pouvais pas l'atteindre.
Pauvre gamin, je peux atteindre qui je veux. Je suis celle qui comprend les autres mieux qu'ils ne se comprennent eux-mêmes.
Nous sortons de l'hôpital. Dona va conduire la voiture, Lilian montera à l'avant, et je serai sur la banquette arrière. Dans le rétroviseur, je vois la Clinique s'éloigner. Lilian se retourne pour m'adresser un sourire. Tu vois, cher « frère », tu m'as amené ici en croyant qu'on me « soignerait ». Tu es allé jusqu'en Espagne pour ça. Et pourtant, regarde-moi. Tu n'as pas idée de l'étendue de ton échec. D'ici peu, je rentrerai à Paris, et je m'adonnerai à des plaisirs lubriques, je ferai ce que bon me semble. Je salirai ce corps que vous aimez tant en le trainant dans la fange la plus abjecte, parmi les catins et les maladies organiques. Nous verrons si la petite Lola pourra faire quelque chose contre ça, elle et son précieux petit amour mièvre, elle et son air de petite sainte-ni-touche à gerber. Quand elle me verra me faire prendre par tous les salauds de passage, son petit cœur fragile se brisera une bonne fois pour toute.

A moins que je ne sois là pour t'en empêcher.

[cf. Dimitri #74]

Serais-ce Julian ce "je" dans "A moins que je ne sois là pour t'en empêcher" ?
Et c'est quoi des maladies organiques ?

Elle me donne la chair de poule, cette Maya. Et cette voix à la fin... Finalement, elle me file la chair de poule aussi: qui sait si ce ne sera pas une personnalité pire encore?

Sujet: :) 25.10.08 11:59

Mais nan c'est la quintessence de l'expérience de Julian ! C'est la personnification de ce qu'il croyait être jusque là, mais qu'il ne devient que maintenant.

Merci Alsciau ^^

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