Altaïr
| Sujet: Fragment #308 - Maman. Je suis venu te dire. Quelque chose qui ne te plaira pas. 14.04.08 1:31 | |
| Dimanche 28 octobre 2007 à Dijon Visage écrasé contre le matelas. Je me réveille et je sais, et je sens, tout autour de moi respire cette idée avec certitude : c'est dimanche. Le pouvoir dominical est incommensurable. Il gangrène l'air et la matière, il s'infiltre dans les fibres de nos pensées, il est partout à la fois et déploie une nausée insoutenable. Aujourd'hui c'est décidé, je vais dire la vérité à Papa et Maman. Je leur dois bien ça. J'ai ressassé cette idée toute la soirée hier après le film, dans l'obscurité de ma chambre mansardée. Ils m'en voudront s'ils ne savent pas. Ils t'en voudront tout court. Et pourquoi ? Pourquoi ne seraient-ils pas heureux d'avoir une deuxième petite fille ? Tu es heureux, toi ? Lilian frappe à la porte. Nous oxygénons un bon coup nos poumons. Mon petit frère grogne à côté de moi, il m'énerve. Il a amené ses cours pour pouvoir travailler un peu. Je ne l'avais jamais vu si studieux, voilà qui va plaire à Papa. Tiens, d'ailleurs c'est lui qui vient nous ouvrir. Etrange. Il n'y a personne dans la cuisine, ça n'est pas normal. Car Maman est dans le salon. Assise sur le canapé, les yeux rougis, le regard perdu dans le vide sous ses grands sourcils à la Mangana. Elle ne relève pas la tête au moment où nous entrons. Est-ce qu'elle sait déjà ? Est-ce que quelqu'un lui a dit ? Lilian ? Alexandre ? Non, c'est n'importe quoi. Lola alors ? Non plus. Mais ses parents ?... Et si ils avaient téléphoné ? Si ils avaient tout balancé et réclamé de l'argent ? Après tout, je suis le père du bébé... Maman je suis désolé, je sais que tu aurais préféré que ce soit moi qui te le dise mais je ne pouvais pas, je suis trop lâche et trop faible pour ça. « C'est Florian, nous explique Papa. Il a des ennuis avec Elodie. » Soupir intérieur de soulagement. Désolé Florian de ne pas compatir tout de suite à tes problèmes, mais je viens d'avoir une belle frayeur et cela me « rassure » de savoir qu'il s'agit de toi et pas de moi. « Quels genres d'ennuis ? demande Lilian, renfrogné comme à chaque évocation de notre frère aîné. - Elodie demande le divorce. » | |
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