Fragment #315 - Une bonne fois pour toutes

Inspire Julian, inspire. Une dernière fois.
Je frappe à la porte. Papa vient m'ouvrir. J'entre à sa suite, nous nous embrassons froidement. Maman est dans le salon, avec Florian qui tient sa tête entre ses mains. Encore une fois, je tombe mal. Mais cette fois je ne fuirai pas, la vérité doit sortir. Je ne pourrai pas me résoudre à faire ce que je dois faire si je ne leur dis pas ça auparavant.
« Bonjour Maman, salut Florian. »
Aucune réponse. L'angoisse maternelle est palpable dans la pièce. Désolé petite Maman, je vais redoubler le poids qui pèse sur ton coeur.
Je m'assieds face à eux. Je les regarde, bras croisés. Mon silence les intrigue, ils relèvent la tête.
« C'est bon là, vous êtes disposés à m'écouter ? je demande. »
Aucune réponse, encore. Peu importe.
« Ok, bien, voilà donc où j'en suis, pendant que l'aîné divorce et que le benjamin s'acharne en fac de médecine sur les traces de son père -
- Et de sa grand-mère, me coupe Papa.
- Ouais, bref. Lola a accouché il y a trois semaines. Le bébé est de moi. Je compte pas m'en occuper. »
Un silence énorme s'épaissit dans le salon, il vibre près de mes oreilles et me brûle, tandis que mon rythme cardiaque s'emballe et que ma voix tremble, ainsi que mes jambes. Maman pâlit. Florian hausse les sourcils.
« C'est une blague ? il me demande.
- C'est pas une blague, je réponds. »
Maman est livide. J'ai peur qu'elle ne tienne pas le coup.
« Maman ? Ça va ? »
Il y a un gros « boum » dans le salon. Papa a perdu connaissance.
Merde. Je suis de retour à l'appartement. Ca y est, c'est fait, ils savent. Et je ne me sens pas libéré. Un petit texto pour Lola. Voilà, tu es contente maintenant ? Je mange des pâtes froides que je n'ai pas eu le courage de réchauffer. Lilian travaille dans sa chambre, il s'est enfermé toute la journée pour être au calme. Est-ce que je vais avoir le courage, maintenant, de mettre mon plan à exécution ? Soudain quelqu'un frappe à la porte. Plusieurs coups secs et rapides. Je sursaute, mon coeur se met à pulser très fort. On frappe à nouveau. Serait-ce le Destin ? Ou bien Piotr et sa bande venus me tuer chez moi, comme ils ont tué le vieux Jack ?
« C'est qui ? je demande.
- Ouvre moi. »
On dirait une voix féminine. J'ouvre la porte et me retrouve face à Laetitia.
« Merde, qu'est-ce qu'y a ? »
Elle a les yeux rougis et son mascara a coulé sur ses joues. Les papillons humides de ses paupières battent faiblement des ailes.
« Je me casse. Andréa est parti la semaine dernière et mon père me fait encore chier. Je me casse à Londres cette nuit, je plaque tout. Tu viens avec moi ? »
Laetitia, est-ce que tu es cinglée ?
« Oui, je réponds, j'arrive. »