Sirius
| Sujet: Fragment #2 - Echec et Mat 09.04.08 18:55 | |
| Jeudi 9 mars 2006 à Dijon « (...) Je ne sais quoi penser. Tu es un garçon étrange. Sais-tu combien de fois tu m'as dit Adieu ? Et comme à chaque fois tu reviens. Je veux bien reprendre contact avec toi, mais j'ai peur de me tromper sur tes intentions (...) »
J'avais usé de toute une armada d'attaques et de ruses pour venir à bout du démon qui, dans ses bras, avait emprisonné ma bien-aimée. Je n'ose encore songer aux actes horribles que j'ai pu commettre sans vergogne contre l'envahisseur. Puis je fus forcé de rendre les armes lorsque le pire me sauta aux yeux : elle avait quitté mon étreinte pour se jeter elle-même dans la gueule du loup. En se liguant à l'homme qui m'avait trahi elle était devenue la pire des traîtresses. Mais l'évidence ne cessait de me frapper de son burin : « Tu l'aimes encore ! Tu l'aimes encore ! » Beaucoup de temps s'est écoulé depuis notre dernière conversation, laquelle fut plutôt orageuse. Mes dernières paroles fusent encore à travers mon esprit, lorsque elle-même est venue s'interposer. Je lui avais vociféré des montagnes de choses immondes, et inversement entendons-nous bien. J'avais failli m'engager dans un corps à corps avec ce qui va devenir à présent son fiancé et qui avait essayé de s'interposer dans notre violente conversation. Lorsque, n'en pouvant plus, je décidai de couper court à la conversation en lançant un grand et clair « Je ne veux plus jamais te parler ! » Après tout ce temps sans se donner aucune nouvelle, elle m'écrit comme si c'était hier. Le simple fait qu'elle me réponde est pour moi une immense joie. La lettre recelait cependant milles épines destinées uniquement à me transpercer de toutes parts. Mais je m'y étais soigneusement préparé en m'efforçant d'imaginer les pires réponses que je puisse recevoir. Très bon exercice car finalement la lettre n'était pas si crue que j'aurais pu l'imaginer. Elle avait suivi un cursus littéraire et cela se ressentait dans sa façon d'écrire. Tout était dans le sous-entendu, la connotation. Mais le plus flagrant était l'orgueil avec lequel elle prétendait au rôle d'indispensable pion dans l'échiquier de ma propre vie. Une chose est sûre, comme si elle cherchait une quelconque revanche, elle avait décidé de me mettre échec et mat. Parcourant sa lettre de toute part pour déceler une quelconque marque d'ironie, un petit, minuscule « non je rigole », je fus au fur et à mesure que je la parcourais, désappointé, déçu puis agacé. J'étudiai avec minutie la situation, comme j'avais l'habitude de le faire. Il me semblait avoir été strictement clair dans mon courrier. Si je souhaitais reprendre contact avec elle, c'était parce que sa présence me manquait, nos interminables débats sur des sujets aussi anodins qu'un accord de participe passé et autres futilités qui forment toute une complicité entre deux personnes. Soit dit en passant, je me rends compte au sujet des débats que nous n'étions jamais d'accord. Je n'ai pas cessé tout au long de ma lettre de laisser des indices afin qu'elle comprenne ce qu'elle ne devait surtout pas prendre de travers : mes intentions. Je connaissais sa situation affectueuse et ne manquai pas de lui signaler que j'étais moi-même épanoui de ce coté. Mais rien n'y fit, et son égocentrisme l'emporta sur son bon sens. Peut-être aurais-je du appuyer mes idées par un futile « ne te méprends pas sur mes intentions », mais je l'imaginais plus sensée. Elle aurait saisi à l'époque où, malgré nos désaccords, nous nous comprenions à merveille. Force était de constater que la fille que j'avais aimée jadis au point de devenir dément n'était plus de ce monde. Je ne la reconnaissais même presque plus dans son écriture, son style. Une lettre de deux pages, environ quarante-cinq lignes, quatre cent cinquante mots de bêtise pour que je réalise que j'avais fait une erreur. Une erreur ? Au contraire ! Après mûre réflexion je compris que j'étais libre. Cela m'avait permis de faire le deuil d'une relation longtemps regrettée et de comprendre que la personne que je convoitais tant n'existait plus. Entre mes mains, sa lettre s'embrasa peu à peu. Peu à peu disparaissait la seule trace que j'aurais pu garder d'elle. Posté à ma fenêtre, j'observais de la manière dont on admire un lâché de ballon tous les lambeaux de papier incandescent s'envoler au gré du vent, jusqu'à ce que se meure le dernier morceau. Comme pour me prévenir que je ne pouvais plus revenir en arrière sur ma décision, il me brûla légèrement les doigts et en baissant le regard je pus remarquer la signature disparaître sur ce dernier lambeau de lettre enflammé. Par réflexe, je lâchai prise. Il alla rejoindre ses frères dans le ciel avant de se désintégrer par un coup de vent en une myriade de poussières d'étoiles rouges étincelantes. Echec et mat. | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #2 - Echec et Mat 12.03.09 15:18 | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #2 - Echec et Mat 12.03.09 15:19 | |
| Du coup j'ai jamais commenté ce frag ^^'
Et à la relecture, je regrette que tu n'écrives plus parmi nous, Sirius | |
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| Sujet: Re: Fragment #2 - Echec et Mat | |
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