Bellatrix
| Sujet: Fragment #5 - La vengeance d'une rousse 14.04.08 16:55 | |
| Mardi 7 novembre 2006 à Bruxelles « Répétition général de la choré pour le spectacle de samedi, aujourd’hui à 19h ! Soyez à l’heure ! On a du boulot ! En récompense, un special guest sera de la partie. » Mike 16h22. Un petit message impersonnel qui fait toujours plaisir. Moi qui comptais éviter les cours aujourd’hui, c’est loupé. Un bon bain entouré de quelques bougies, un doux parfum de fleur dans l’air, lui et moi, de la musique d’ambiance, voilà, c’était mon programme désormais à l’eau à cause de Mike. Je vois que je n’ai pas vraiment le temps de me détendre. Tout au plus deux heures devant moi. Il va falloir les rentabiliser correctement. Un coup de klaxon interrompt mes pensées. Ha oui, le feu est vert. Qu’est ce que les gens sont stressés ! Détendez vous ! Rholala ! Arrivée à hauteur de chez moi, je me gare vite fait dans la seule place disponible gratuitement à cette heure. Aussitôt la porte franchie, une odeur de renfermé me saisit les narines et me fait tousser. Trois jours sans même ouvrir la fenêtre, en ayant oublié au fond de l’évier une pile d’assiettes imprégnées de leurs restes de sauce séchée et sur la table du salon un cendrier plein, ça ne pardonne pas. En quelques secondes, le froid de l’extérieur pénètre mon habitation. Je déteste l’automne. Et je vais encore plus haïr l’hiver. J’enfile un pull supplémentaire. J’attrape mon téléphone portable. « Coucou mon Cœur, je ne vais pas pouvoir passer la soirée avec toi, j’ai une importante répétition, on se voit demain, je t’embrasse fort. » Je me laisse tomber dans le fauteuil et reste immobile durant quelques minutes. Le silence m’apaise. Ca faisait longtemps qu’on ne s’était pas parlé lui et moi. J’adore sa conversation, surtout quand je passe des journées comme celles-ci où mes lèvres ne restent pas closes plus de deux minutes. J’en profite encore un peu. « Je me suis habitué à ta présence ces derniers jours, elle va être rude cette nuit sans toi. Dans ce cas, j’irai sûrement boire un verre avec Patrick. Bisous ma princesse. » Hugo 17h14. J’aime assez l’idée d’être sa princesse. Mais j’aime encore plus celle de pouvoir me lover au fond de mon grand lit, seule et au milieu. Je me déshabille et contemple les formes de mon corps dans le miroir. Il va falloir prendre un peu plus de muscle au niveau des cuisses et affiner les hanches si je veux être au top. J’ai encore quelques semaines avant le casting. Mon rêve, troquer Mike contre Mani, chorégraphe de renom. L’eau chaude coule le long de mon visage, passe entre mes seins et continue sa course folle. Je n’ai pas de nouvelles de Max depuis vendredi, et je n’ai pas vraiment osé lui en donner après l’avoir laissé tomber de la sorte, sur un sous verre, honte à moi. Jade m’a fait la morale, me traitant de toutou sans caractère. Elle aurait sans doute préféré que je laisse courir Hugo un peu plus longtemps. Quant à Terry, elle était plutôt heureuse, que Max soit libre bien entendu. Je m’habille à toute vitesse et dévale les deux étages me séparant de l’extérieur du bâtiment. Vingt minutes plus tard, je pousse la lourde porte. Il n’y a encore personne dans la salle. Sauf au fond, Mike discutant avec un mec. Les fous de danse arrivent un à un. Je me place dans la rangée du milieu et je papote avec Cécile, ma partenaire de Ragga. Face au miroir nous commençons la répétition de quelques mouvements, sans musique, tandis que les autres nous regardent. Mike arrive enfin, accompagné d’une silhouette familière. Maxime ! Il fallait que ce soit lui le « special guest ». Pas de bol Angela. Nos regards ne se croisent pas de toute la répétition. Mais, du coin de l’œil j’admire sa façon de mettre en mouvement son corps. Son corps parfait. Je tente de l’attraper à la sortie. « Max, tu veux pas qu’on aille boire un verre, histoire de discuter un peu, de tout ça ?… ». Il accepte, non sans une lueur d’exaspération dans son regard. Sur le chemin vers « Couleur Pourpre », il ne parle pas beaucoup. Et moi, le froid me paralyse la pensée. Une file de quatre personnes nous maintient à la porte du café. Sagement, sans un mot, grelottant, nous patientons. Je crois apercevoir Terry, assise à une table en charmante compagnie. J’esquisse un mouvement de bras pour la saluer, mais le retient aussi vite quand l’homme que semble convoiter Terry se lève. Mon sang ne fait qu’un tour. C’est Hugo. « On bouge Max, il y a trop de monde ici, allons au Tavernier, ce sera plus calme pour discuter ». Mon regard inquiet et déçu ne les quitte pas tout le long de la vitre. Une discrète larme vient s’écraser au creux de mon cou. | |
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