Aldébaran
| Sujet: Fragment #55 - Au Coeur du Labyrinthe 15.04.08 18:24 | |
| Mardi 19 septembre 2006 à Chenôve Il fait noir. La porte s’entrouvre. Frisson d’un moment. Il venait. Je voyais ses yeux briller. Rouge flamboyant. En ces instants, c’était le diable. Mais là, ce n’est qu’Ariane. Elle vient me dire bonne nuit. Elle s’approche. Se glisse un moment contre moi. Je l’embrasse. « Mon Ariane, il faut que tu saches. » Tu avais compris, tu savais. Je te l’avais fait ressentir depuis notre plus tendre enfance. Nous avions déroulé le fil. Lentement. Ensemble. Moi je savais. Déjà j’étais au cœur du labyrinthe. Mais il fallait que je t’y guide. Lentement. Sans anicroches. Que tu comprennes l’horreur de notre situation. La douleur qu’était la mienne en ces instants. Il venait. Je voyais ses yeux briller. Rouge flamboyant. En ces instants, c’était le diable. Il s’approchait de mon lit. Il me parlait un moment. Maman n’était pas là. Maman n’était jamais là. Mais je ne lui en ai pas voulu. Toi, tu étais dans la chambre à côté, mais tu ne pouvais rien faire. Ariane contre moi. Son cœur bat au même rythme que le mien. Elle m’invite à poursuivre. Elle a toujours su. Mais c’est la confirmation de ses peurs, de ses angoisses. De notre frayeur commune quand approchait la nuit. Quand approchait le noir. Et le baiser du Père. « Notre Père qui êtes au cieux, que Votre règne arrive… » Il venait. Je voyais ses yeux briller. Rouge flamboyant. En ces instants, c’était le diable. Il s’approchait de mon lit. Il me parlait un moment. Maman n’était pas là. Maman n’était jamais là. Mais je ne lui en ai jamais voulu. Toi, tu étais dans la chambre à côté, mais tu ne pouvais rien faire. Je ne pouvais rien dire. Il avait le droit, j’étais à lui. J’ai souffert, tu sais. Dans mon corps, en ces instants où j’accueillais son âme entière. Tout son amour. Mais dans mon cœur aussi. Parce que vous ne saviez pas. Des larmes au coin des yeux d’Ariane. Elle s’en veut. Je lui dis qu’il ne faut pas qu’elle s’en fasse. Que je supporte la douleur seul. Qu’elle n’a qu’à écouter. Qu’elle n’a qu’à savoir. Enfin savoir. Je la serre dans mes bras. Je vais bien. Parce que je l’ai, elle. Parce que j’avais Alex. Parce que j’ai eu Julie. Et parce que Maman a toujours été là, présente ; malgré ses absences ; même si elle ne savait pas. Il venait. Je voyais ses yeux briller. Rouge flamboyant. En ces instants, c’était le diable. Il s’approchait de mon lit. Il me parlait un moment. Maman n’était pas là. Maman n’était jamais là. Mais je ne lui en ai jamais voulu. Toi, tu étais dans la chambre à côté, mais tu ne pouvais rien faire. Je ne pouvais rien dire. Il avait le droit j’étais à lui. J’ai souffert, tu sais. Dans mon corps, en ces instants où j’accueillais son âme entière. Tout son amour. Mais dans mon cœur aussi. Parce que vous ne saviez pas. Et le silence nous tue. Je l’ai rapidement su. Le silence me rongeait de l’intérieur. Mais maintenant, tu sais tout, Ariane. Au cœur du labyrinthe se trouve le Minotaure. Et notre voilier jamais ne nous ramènerait au Pays de l’Enfance. Nous avions grandi. La voile est noire maintenant. Sur la mer. Et j’ai sauté du grand rocher. Maintenant j’ai parlé, Ariane. J’ai tué le Minotaure. | |
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