Fragment #59 - Et si Apollon était une femme?

Un soleil effleure ma peau. Réchauffe chaque veine qui commençait à se geler, a bloquer ce sang qui me rendait optimiste. Je commence à haïr les gens. Et toi Jon, qui arrive à aimer. Sans problème. Juste regarder les Hommes dans les yeux et décharger ton Amour en eux. Tu es omnipotent. Comment fais-tu ? Tous ces gens de mon amphi me débectent. Self-centered and hateful. Tous cherchant dans la psychologie à se soigner. Allez voir un psy, mes amis, ça ira beaucoup mieux après. Mais toujours dans cet amphi, à mes côtés, la blondeur angélique ; la perfection. Toujours à mes côtés ce sourire d’une blancheur éclatante qui réchauffe chaque parcelle de mon corps engourdi par la haine. J’aimerais tant te serrer dans mes bras, toi aussi. J’aimerais tant te connaître un peu mieux. Tes sourires pourtant en disent tant. Mais jamais encore je n’ai pu en savoir plus, entrouvrir ce sourire pour en faire mon ami. Quand t’arrêterais-je pour oser te parler, entrouvrir tes lèvres caressantes ?
Ce soleil, c’est l’aura que tu dégages, la chaleur enivrante qui effleure chacun de mes membres et les dégourdit, fait fuir ma haine de l’Humain, pour croire en l’Humaine ; la parfaite. Manon, comme ce nom est doux et chaud.
Ce soleil, même à l’intérieur de l’amphi, m’éblouit et laisse mourir les paroles et les regards de Mme Bobulescu avant même d’atteindre mes oreilles. Je crois n’avoir rien suivi du cours. Je crois avoir passé mon temps en amphi à te regarder, et déjà la séance se termine et je suis porté par le flot des étudiants pressés.
Ce soleil éclipse ma lune triste et froide, comme Jonathan réchauffe mes cratères. Manon. Je laisse ce prénom entrer, sortir, rebondir entre mes lèvres.
Soudain j’entends mon nom. Je me retourne.
"Jed ? Ça te dirait d’aller boire un coup demain soir ?"
Ma réponse est flottante, évasive. Je crois que j’ai dit quelque chose qui ressemblait à un oui.
Mon soleil vient de m’adresser la parole.