Aldébaran
| Sujet: Fragment # 69 - Presque majorité 16.04.08 20:47 | |
| Mercredi 22 novembre 2006 à Dijon Mon Jonathan, j’ai peur. Bientôt je vais être majeur. Bientôt je ne pourrais plus mettre mon idiotie et ma peur de la mort sur ma minorité. Samedi j’ai dix-huit ans. Et je ne pourrais pas être avec toi. Je ne pourrais être présent à tes côtés le jour pendant lequel je vais gagner un an. Les anniversaires doivent se fêter en famille. Il paraît. Mais c’est avec toi que je voudrais être. Avec Ariane aussi. Etre avec les deux personnes qui comptent pour moi alors que je vais passer un cap important de ma vie. Mon Jonathan, samedi soir je serai majeur. Le détournement de mineur sera fini. Tu as fait fondre la glace qui recouvrait mon cœur. Tu as fendillé ma coquille de verre. Tu m’as transformé en cristal. J’ai tellement envie de te serrer dans mes bras. Je suis dans l’amphi, Manon, au cinquième rang, se retourne et me fait un sourire. Elle se souvient de notre conversation téléphonique d’hier. Excuse-moi, Manon… Je vais te faire du mal. Mais il le faut. Le cours d’aujourd’hui n’et pas très intéressant. Je pense aux possibilités de ce soir, entre les draps de mon Amour. Je m’insinue dans le sourire de Manon, entre ses dents blanches, jusque dans son âme. « Tu sais, je suis bien avec toi, je sais pas pourquoi. Ta présence m’est rassurante. - Moi aussi je suis bien. » Ma main joue avec ses cheveux blonds. Ange de lumière. Pureté absolue. « J’aime discuter avec toi. On peut tout te dire, tu ne prends pas la mouche ; on peut se dévoiler. - Oui, et moi j’aime apprendre à te connaître, j’aime ces grains de beauté en dessous de ton œil. J’aime ta douceur de tes mains. - Ces grains de beauté ? Je les ai depuis que je suis toute petite. C’est beau, je les aime bien aussi. » Ma belle. Je ne veux pas te faire du mal. Tu te retournes encore une fois. J’ai nos derniers mots au fond de tes yeux bleus. « Tu passes chez moi lundi ? Je te ferais un petit repas. - Cool, on aura l’air d’un vieux couple. Je pourrais faire la vaisselle. Et puis on se couchera dans ton lit, chacun de son côté. Et tu éteindras la lumière. » Mon Jonathan, l’appel de tes bras. Mon Jonathan, mon corps contre le tien. Mon Jonathan, ta bouche contre la mienne, nos langues s’entremêlant. Mon Jonathan, nos sueurs mêlées. Mon Jonathan, tes mains se crispant sur ma peau. Et tu éteindras la lumière. | |
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