Aldébaran
| Sujet: Fragment # 81 - Cérémonie 16.04.08 21:42 | |
| Samedi 16 décembre 2006 à Dijon Whoo hoo ! Vibrations telluriques, les corps en sueur se déhanchant sur la musique cuivrée. Mon cœur battant à l’unisson avec les basses mes bras battant l’air comme un poisson se débattrait hors de l’eau. J’ai mal. J’ai mal dans tout mon corps, mes poignets saignent encore de leurs cicatrices d’ambre. J’ai mal dans toute mon âme et je m’enfuis dans l’univers de la musique, des corps-marionnettes se déhanchant sur le rythme. Je suis ailleurs. J’ai cherché comment m’enfuir. J’ai pêché et me suis auto-puni dans l’Enfer de la nuit. Ma gorge se serre me fait mal, j’étouffe. Les lumières éblouissantes. Je suis l’aveugle qui a gagné la visibilité du Futur. Je ne vais nulle part. Je le sais. Je suis le Prophète. La terre me dicte dans ses vibrations où je dois aller. Je n’ai pas envie de suivre. Je veux rester là, dans l’Enfer de la nuit. Oublier Jonathan et m’enfuir dans ce monde immortel des basses, des vibrations, des couleurs, des sons qui m’entourent et me noient. J’ai sur tout mon corps encore la violence du contact du sol mon cerveau éparpillé dans l’oubli. Je suis dégingandé déhanché transcendé par la musique. Je me colle au premier venu. Glisse sur son corps, emboîtant mes rondeurs dans ses cavités, caressant du bout des doigts quelque parcelle de sa peau en sueur. Ma main passée dans son dos, dansant sur ses omoplates, suivant la courbe de son cambré. Ma bouche tout contre son oreille, des mots d’amour se déversant dans l’escargot de son pavillon. Ma bouche contre son cou, mon souffle dans sa nuque, mes mains sur ses fesses, le pressant contre mon Désir, l’étreignant dans mes bras de Démon. Je te ferai plonger toi aussi. Comme tous les autres. Tu succomberas à mon Corps que tous adorent. Tu seras sacrifié sur l’Autel du Feu de mes amants par centaines. Tu brûleras de désir pour moi et demain matin je t’éteindrai en quelques mots. Pour le moment j’allume ta flamme et l’entretiens. J’embrasse doucement tes lèvres. Ma langue passe sur l’intérieur de ta lèvre supérieure. Nos langues se mélangent, nos salives se mêlent. Je joue avec ta cavité buccale. Je mors tes lèvres, tu te rapproches de moi. Tu aimes ça, il me semble. Je recommence. Je libère quelques paroles dans ton oreille, un souffle, puis je lèche ton lobe, je joue avec ton cartilage. Tu pousses des petits gémissements, tu te colles à moi, je sens ton érection contre mon bassin. Sous les projecteurs, sur la scène, nous nous enlaçons, les vibrations nous entrelaçant dans un rythme cardiaque ambré et aqueux. Son corps contre le mien, nos sueurs mêlées. Ma main glissant sur son corps qui ressemble au roc après que la marée s’est retirée. Humide et suave, nous deux dans un seul élan transporté par les vibrations telluriques dans nos oreilles. Ton visage un instant prend les traits de Jon. Je l’embrasse pour cacher au plus vite ce délire issu de mon imagination tourmentée. J’ai mal a la tête ; dernières résonnance de la balle qui hier a traversé mon cerveau, plus vite que la vitesse du son, de la pensée même, éparpillant mon être dans les recoins de ma chambre. Nos deux cerveaux à l’unisson, nos deux cœurs battent ensemble, nos deux systèmes digestifs soudés l’un a l’autre. La bête à deux dos. Ma bouche tout contre son oreille : « C’est quoi ton nom ? - H. Et toi ? - James. » Puis le silence. Les mots ne servent à rien. Tout mon esprit est embrumé par le Mal qui glisse dans mes veines, palpite dans mon cœur, se déversant dans tout mon corps. Je mets en place le Grand Bûcher. Je suis comme coupé du monde, la tête sous l’eau, et tous les sons me parviennent assourdis. La communion des corps suffit pour proclamer celle des esprits. Pour cette nuit du moins. | |
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