Aldébaran
| Sujet: Fragment # 82 - Colère 16.04.08 21:46 | |
| Jeudi 4 janvier 2007 à Chenôve Mes mains se crispent sur ma douleur et ma colère. Jon, je te hais. Je sens le sang qui tape à mes oreilles, mon cœur qui augmente son rythme, les vibrations qui se propagent dans tout mon corps. Arrête, Jed, arrête. Il n’en vaut pas la peine. Mon corps entier est crispation. Mes yeux tous plissés sur ma douleur. Cette sphère rouge écarlate entre mes deux sourcils. La violence des rouges, qui monte dans tout mon corps et la douleur qui se propage dans les électriques. La haine. On apprend à la connaître, à l’apprivoiser. Quand on a mal, on apprend à haïr. Ma main me frappe le visage. Marque rouge. Tous ces hommes qui m’ont possédé n’ont pu effacer le souvenir écarlate de notre amour. La marque ineffaçable de ta trahison. Les ongles rentrent dans ma peau. Je stigmatise ma douleur. La batterie qui bat dans ma tête et les voix d’opéra. L’amour stigmatisé par la violence des guitares. I wished I had an angel. I wish I had some dark angel to protect me from disappointment. But is it only possible? Les arbres couverts de givre dans la grisaille du matin. La végétation qui se meurt sous le baiser mortel de l’Hiver. Mais eux vont revivre. Je me perds dans le froid et l’amertume et le blanc. Pour moi la virginité, le blanc pur n’existe plus. Il a déjà été tâché. Rougi par le sang de l’oie égorgée dans la neige. Ma pureté est morte. Les oiseaux s’envolent en groupe vers des horizons plus chauds. Les virages sont négociés en groupe et aucun de ces animaux migrateurs ne sort de la masse. Tous sont intégrés et parfaitement synchrones. I’m in love with my lust, burning angel wings to dust. La colère me monte à la gorge, m’étreint. Je l’ai embrassée, mon amante enivrée, il y a quelques jours à peine. Transformé par le miroir et ma violence envers Jonathan s’est transformée en rancœur envers moi-même, et par déformation envers Julian. Jed, je te hais. Ergo, Julian je te déteste et je veux ta destruction. L’alcool aidant un peu, j’ai pu mettre ma violence à exécution. Depuis je ne sais trop où j’en suis, je suis perdu dans mon amertume et ma douleur. Et je m’y complais. Cela fait quatre jours que je ne suis pas sorti de mon lit malgré les assauts répétés d’Ariane pour me faire rire, au moins un peu. Mais ça ne marche pas. le téléphone n’arrête pas de sonner. Pour les vœux tout d’abord, mon père connaissant beaucoup de monde, mais aussi quelques coups de fil anonymes, dont Ariane me parle, un peu amère. Personne au bout du fil. Parfois une respiration un peu haletante, comme si l’interlocuteur essayer de parler, mais n’y arrivait pas. Un espoir germe dans ma tête. Et puis Ariane s’en va. Je me replonge dans mon lit. Je retiens ma respiration un moment, espérant m’endormir sous mon souffle coupé et mourir étouffé sous les couvertures, comme je m’amusais à le faire, enfant. Mais ça ne marche pas. J’aurai dû le savoir. Mes poings se referment à nouveau, mon sang bat à mes tempes. Mon cœur accélère. I wish I had your angel tonight. C’est de ma faute tout ça, encore. Je n’ai pas su l’en empêcher. Je n’ai pas su m’en empêcher. La télé dans la pièce à côté me ramène à ma violence : « bonjour, je m’appelle Jon et… » Griffures sur mon visage. Je me lève et sors de mon lit, enfin. Il faut apprendre à rester fier, et debout. Mes muscles contractés. J’ai décidé à prendre mon Destin en main. Je ne me laisserai pas faire. Je me frappe donc la tête contre les murs. | |
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