Aldébaran
| Sujet: Fragment # 87 - Jon retrouvé 16.04.08 22:13 | |
| Lundi 5 février 2007 Entre Dijon et Chenôve Le soleil brûle ma peau. Ma langue passe sur mes lèvres desséchées. Il te faut du courage, Jed. Etre fort, ne pas flancher, surtout. Le soleil brûle ma peau dans ce froid qui me paralyse, des larmes au coin de la gorge, mes lèvres tremblotantes. Peut-être pourrons-nous être de nouveau ensemble, si tu m’acceptes ; si tu acceptes l’étreinte de mes bras ; si tu acceptes ce que je tiens entre mes mains. Ma main droite passe sur mon visage, essuie le début d’une larme. Je sonne chez Jonathan. « Oui ? - Jon, c’est moi. - Ah. Monte. » Il ne semble pas surpris de ma visite, malgré que je ne lui eusse pas dit que je venais. J’avale les escaliers quatre à quatre. Il m’attend devant sa porte. « Ah, Jed, je me disais bien. Alors, tu as réfléchi à ma proposition ? - Euh, je… Jonathan… - Entre. » Je passe donc la porte, essuie mes pieds, me déchausse. Jonathan est devant moi, me regarde de ses yeux grands ouverts. Il regarde avec insistance ce que j’ai entre les mains. Mais pourquoi ? Ah oui. « Tiens Jon, c’est pour toi, je… j’ai pensé… enfin… - Non, Jed, ne dis rien. » Il m’embrasse ensuite sur la bouche tout en prenant ce que mes mains serraient très fort. J’ai eu un tout petit mouvement de recul quand il s’est approché, mais mes lèvres ont accueilli avec ferveur son baiser sucré. « Elles sont belles. » Il dit ça tout en retournant entre ses mains le bouquet que je lui avais emmené. Des roses ; blanches et rouges. Le rappel de notre premier rendez-vous mêlé à notre dernière rencontre. Des boutons d’une pureté éclatante entrelacés avec d’autres d’un rouge profond, presque noir. Il avance vers la pièce principale afin de plonger les fleurs dans un vase que je le vois remplir. Mon Jonathan, ses cheveux blonds sur la nuque, auréolé d’une lumière presque surréelle. Il pose le vase sur une table. Son appartement a l’air différent, j’ai l’impression de ne plus rien reconnaître, et pourtant il me semble que rien n’a vraiment changé. Il me regarde, un sourire aux lèvres. « Qu’est-ce qu’il y a ? - J’en connais un qui a besoin d’un bon coiffeur. - J’en connais un qui ferait mieux de se taire sachant que son ex petit copain est de retour et qu’il lui a pardonné. - Tu es beau tu sais, dans cette lumière. - Ne détourne pas la conversation. D’ailleurs, pourquoi toutes ces bougies ? Tu ne savais pas que je venais, si ? - Euh, non. Je devais… Enfin j’avais… - Ah, ah ! Tu attends quelqu’un. Un beau jeune homme qui va s’allonger sur ton lit et te supplier de le démonter. - Jed, je… - Ne dis rien » Je me suis approché de lui et l’ai embrassé. Dans le cou d’abord, puis sur le visage, sur chacun de ses yeux, puis sur la bouche. « Ne dis rien. » Sa bouche s’est entrouverte pour laisser nos langues se reconnaître et s’apprivoiser à nouveau. Ma main droite remontée sous sa chemise lui caresse le dos. Puis viens le temps du déshabillage, des corps qui se reconnaissent, qui s’épousent, qui s’attirent et se repoussent. Le temps du corps à corps, où les âmes se mêlent, où les sueurs s’emmêlent. Puis nous deux allongés côté à côte, dans les bras l’un de l’autre, cocon salutaire et douillet. La chaleur des corps épousés par les draps blancs. Quelqu’un sonne à la porte. Jonathan s’excuse, va ouvrir. Un homme que je connais de mes soirées de débauche sous le nom de Christophe apparait dans l’ouverture. Il salue Jonathan et l’embrasse sur les lèvres. Je me mets sur mon séant et lui fais un signe de la main. Jonathan, dos à moi, repousse l’homme, lui fait comprendre qu’il n’a plus sa place chez lui, même pour un soir. Je lui adresse un autre signe de la main en souriant, alors que Jonathan lui ferme la porte au nez. « Où en étions-nous ? » Je marche dans les rues de Dijon, et tout a une couleur différente maintenant, sous les rayons chaleureux de la pleine lune. Je la salue, montre mes dents un instant. Je suis heureux. En arrivant à Chenôve, je jette un dernier regard au ciel, éclairé par Séléné. Les étoiles y sont piquetées dans un tissu de sombre. Je repère le sablier d’Orion. Je repense un instant à Julian, mais ce sont surtout des présences féminines qui me frappent l’esprit, alors que je plonge dans ce ciel étoilé. Le sourire effacé de Lola, la peur dans ses yeux quand j’ai tabassé Julian ; la chevelure de feu de la voisine de Romain ; Christelle la délurée. Puis j’ouvre mon portail, j’esquisse une pensée pour Manon que je dois voir demain après les cours, pour Alex qui commence vraiment à me manquer, pour Ariane que je veux serrer d’urgence dans mes bras. Et en ouvrant la porte de ma chambre, je me dis que oui, vraiment, je suis bien entouré. | |
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