Procyon
| Sujet: Fragment #82 – A l'aube du printemps et de la nuit 25.04.08 18:53 | |
| Vendredi 25 avril 2008 à Plombières les Dijon 21h13. Le printemps s'installe peu à peu. Le printemps s'installe pour de bon. Lentement mais sûrement il se fait sentir. Les jours se rallongent significativement, les journées sont plus chaudes, les tulipes prennent des couleurs chatoyantes, et dans les bois les premiers brins de muguet percent au jour, se garnissant de délicates clochettes. Il n'y a pas un bruit dans les rues de Plombières ; on entend seulement au loin l'activité incessante de l'autoroute. À cette heure-ci l'air est frais et j'apprécie mon pull, à marcher, seul et en silence, entre chien et loup. Les mains dans les poches, mon allure est affreusement lente. Comme si tout s'était enfin arrêté. Le tumulte de cette journée, autour de moi, s'est évanoui. Plus de vitesse en C3, plus de stress dû aux trois interventions de la journée -fait exceptionnel pour le CPI Plombières- plus rien. Rien qui ne bouge autour de moi et ma lenteur. Les réverbères s'allument dans des clignotements douteux. Ils délogent un chat, noir, qui traverse la rue presque sans toucher terre. J'arrive de mon pas lent et lourd devant le portillon du 16 rue du Château d'eau. Je m'arrête et regarde la porte ; puis lui tourne le dos. Je n'entre pas. Pas tout de suite. Je me retourne à nouveau et m'assieds contre la porte. J'ai la tête juste au-dessus des genoux, je suis tout recroquevillé, c'est une réminiscence de l’enfance, je me sens bien ainsi. Je prends mes genoux dans mes bras, les yeux fixés sur le vide devant moi. Quelques minutes passent, je les entends sur la trotteuse de ma montre. Je m'allume une cigarette, profitant du calme pour fumer en toute tranquillité. Le rougeoiement du tabac se consumant se fait plus intense à mesure que la nuit tombe. Je repense à cette journée. Elle a été teintée d'absence. Son absence. Melissa. Pourtant j'en ai fait des choses, je n'ai pas eu de temps pour souffler. Pas un seul moment inutilisé où j'aurais pu la voir ; mais je l'ai sentie, je l'ai sentie par son absence. Je regarde droit devant moi pour penser en paix. Je dois être amoureux. Mes yeux se perdent dans la haie en face tandis que mes doigts rallument une cigarette. Je ne sais depuis combien de temps je suis là, mais désormais le sol est chaud, ma position est confortable et les étoiles ont pris place dans le ciel pour veiller sur la nuit. Sur notre nuit. La nuit du rêve. Pensée céleste. Une nuit de rêve. Pensée coquine. Une femme de rêve. Pensée réjouissante. Une femme à moi. Pensée égoïste. Melissa et moi. Pensée pour deux. Moi dans la nuit. Pensée bleue. Moi dans la vie. Pensée sérieuse. Une nuit sans lune. Et ces étoiles. Ces étoiles qui veillent sur nous, qui nous protègent, qui nous rassurent, qui suivent notre quotidien. Merci les étoiles. Il faudrait songer à rentrer, il faudrait penser à aller me coucher. Je n'en ai pas envie. Pas envie du tout. Je suis surpris. Plus que lui en tout cas, le chat noir de tout à l'heure passe dans la rue sans se soucier de ma présence. Il ne m'a ni vu ni remarqué. Tout est calme, je suis bien, j'en oublie même que je suis là ; là à regarder les étoiles en me demandant si elles me voient. Je décide de rentrer. Mes jambes engourdies me relèvent avec difficulté. Je pousse la porte. Mes parents doivent être couchés car il n'y à ni lumière ni bruit au rez-de-chaussée. J'enlève mes chaussures, monte les escaliers sans bruit, me déshabille sans pudeur, et me glisse sous la couette froide. Je ferme les yeux et je sens le sommeil me gagner. Je m'endors.
Dernière édition par Procyon le 08.05.08 22:36, édité 2 fois | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #82 – A l'aube du printemps et de la nuit 25.04.08 19:02 | |
| "les yeux fixé_"
"Le rougeoiement du tabac se consumant, se fait plus intense à mesure que la nuit tombe." > virgule inutile.
"Pas un seul moment inutilisé ou j'aurais pu la voir."
"Ces étoles qui veillent sur nous"
Très, très, très beau fragment :) On retrouva la sensibilité d'Alex ouverte sur les changements de la Nature et le cycle des saisons, sur la nuit et les étoiles... Il y a dans ce personnage parfois un peu rustre un petit garçon drôlement touchant. | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #82 – A l'aube du printemps et de la nuit 25.04.08 19:25 | |
| (corrigé) merci, c'est vraiment ce que je voulais faire passer. Et finalement pour faire un fragment potable, il faut que je l'écrive sur deux jours. :) | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #82 – A l'aube du printemps et de la nuit 25.04.08 19:27 | |
| Si ça en vaut la peine, comme c'est le cas ici, alors oui, prend deux jours :) Avec le temps, si tu écris régulièrement, cette durée n'aura de cesse de se réduire... | |
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Alsciaukat
| Sujet: :) 25.04.08 19:40 | |
| Je suis pas mal d'accord avec Alta quant à ce frag, j'avoue ^^ | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #82 – A l'aube du printemps et de la nuit 26.04.08 20:17 | |
| Oui en plus ça ne m'empêche pas de publier tous les jours, puisque j'ai quand même déjà pris l'habitude d'en écrire plusieurs de front, ce qui permet des rappels, des jeux de mots d'un texte à l'autre, etc... | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #82 – A l'aube du printemps et de la nuit 26.04.08 20:26 | |
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Bételgeuse
| Sujet: Re: Fragment #82 – A l'aube du printemps et de la nuit 01.05.08 19:43 | |
| J'ai trouvé un peu long le passage en phrases nominatives ("Pensée....") Mais c'est poétique et touchant, c'est Melissa qui le rend comme ça ?? | |
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| Sujet: Re: Fragment #82 – A l'aube du printemps et de la nuit | |
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