Déneb
| Sujet: Fragment #3 - Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants 01.05.08 3:35 | |
| Mercredi 8 novembre 2006 à Lille Oui, ça y est je les vois. Sur la route d’Athènes, l’armée Perse frémissante, écumante de rage et avide de revanche, marche en rangs serrés derrière son jeune roi Xerxès. Lui, il sait que la grande bataille va bientôt se jouer, qu’il faudra se montrer digne de son ascendance, lui le fils du grand roi Darius Ier, et qu’il faudra soumettre ces grecs impétueux, et surtout cette Athènes étincelante qui le suit d’un regard arrogant depuis le Parthénon. Ecraser les grecs et venger l’honneur de son père humilié à Marathon. Il n’a pas le droit à l’erreur, le monde le regarde. Ils ont remonté l’Hellespont, traversé la Thrace et la Macédoine, soumis les cités qui s’y trouvaient, et descendent peu à peu vers Athènes. Mille bateaux les suivent non loin du littoral. Ils semblent s’animer sous la voix du professeur-conteur. Devant le mur blanc, ce n’est pas un tableau noir, ni un bureau et sa chaise, mais quatre cent mille hommes, à la respiration haletante et au cœur serré par la peur malgré une féroce détermination, qui marchent sur les routes de la Thessalie. Ils prennent vie devant moi. Je peux presque sentir l’odeur du cuir de leur armure imprégné de sang et de sueur, entendre leurs pas lourds sur le sol sec et dur. Dans quelque jours tout au plus, c’est Athènes la rayonnante qu’ils fouleront de leurs pieds fatigués soudainement revigorés par l’ardeur du combat. La sonnerie retentit, emportant avec elle les quatre cent mille soldats, Xerxès et sa revanche. Ma voisine étouffe un bâillement tandis que je range mes affaires, les yeux encore tout émerveillés par ma récente vision. Dans le couloir, machinalement, je regarde mon portable.
Un message : Envoyé par Damien Le 08/11/2006 à 10h21 Je voudrais vous revoir
Des réminiscences de baisers langoureux et de mains glissant le long de mes reins dans un étourdissement de vapeurs d’alcool, de chaleur moite et de musique se rappellent à moi. Je ne me souviens même plus de lui avoir donné mon numéro. Je ne me souviens pas d’avoir enregistré le sien dans mon portable. Il faut que j’arrête le gin tonic. Je range mon téléphone et poursuis ma route. Non, ce n’est pas pour moi ce genre de plans. Au détour du couloir, dans un recoin, mon regard est happé par une masse sombre. Deux corps scellés l’un à l’autre dans un baiser visiblement passionnel. La jeune fille, de dos, s’écarte, dévoilant le visage de son amant. Lui, il sourit. D’un sourire que je n’avais jamais vu sur son visage.
Nouveau message : Envoyé à Damien le 08/11/2006 à 12h05 Xerxès contemplera la cuisante défaite de l’armée Perse à Salamine depuis un trône. | |
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