Déneb
| Sujet: Fragment #4 - ... avec trois petits points sous-entendus, parce que nous ne trouvons jamais le mot juste 01.05.08 3:36 | |
| Dimanche 19 novembre 2006 à Lille Ne relève pas la tête, même si tu l’as vu de loin entrer dans la BU. Concentre toi, regarde plutôt ton cours de géographie. Non, ne relève pas la tête, fais comme s’il n’existait pas, d’ailleurs il n’existe plus, c’est bien ce que tu t’es dit quand tu l’as vu l’autre jour dans ce couloir, non ? T’a-t-il vu, assise à cette table de bois, penchée sur la carte géomorphologique de Dunkerque, ta longue chevelure blonde relevée en une queue lâche ? Enfin… pourquoi te remarquerait-il parmi les dizaines de personnes assises à de similaires tables de bois ? Ne relève pas la tête ! Non, il ne vient pas vers toi… « Bonjour » Ne relève pas… trop tard. Je t’aurais prévenue… « Bonjour Benjamin. - Je peux me mettre là ? - Oui, oui vas y, dis-je en poussant mes affaires. » Il sort de son sac un stylo, quelques feuilles blanches et ce qui doit être un devoir de mathématiques. Mmmh, charmant. J’aperçois vaguement sur la feuille polycopiée des chiffres, des racines, des carrés… Je ne comprendrai jamais l’intérêt de calculer des dérivées de fonctions bidules chouette machin chose, autant de noms aussi barbares qu’incompréhensibles. Mais bon, si ça les amuse… Je feins de l’ignorer superbement, concentrée sur ma carte, entre plateaux, plaines et talus qui se confondent peu à peu devant mes yeux. Car le cœur n’y est pas. Une question presse mes lèvres et m’empêche de penser à autre chose qu’à ces deux corps soudés de manière obscène dans ce recoin sombre. J’entends la griffure sèche de son stylo sur le papier, je peux même presque en suivre à l’oreille les mouvement saccadés, donnant peu à peu vie à des chiffres qui résoudront équations et autres problèmes abstraits. Le bruit s’arrête. Je relève la tête et rencontre ses yeux verts. Puis un sourire, fulgurant et délicieux, traverse son visage. Je saisis cet instant d’abandon au vol : « Ca a l’air de plutôt bien marcher avec Julie. » Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que je viens d’aborder un sujet éminemment délicat… : son doux sourire s’efface pour laisser place à un embarras mâtiné d’agacement. Bon d’accord j’y suis peut être allée de manière *un peu* abrupte… Mais je n’y peux rien, ça me démange depuis une semaine. « Pourquoi tu dis ça ? - Bah, l’autre jour, dans le couloir…vous deux… - Non mais… » Il se tait, comme s’il cherchait à trouver les mots justes. Ou une excuse. Car ce couillon, il embrasse Julie d’un côté, et me sert mots doux et courbettes de l’autre. Non mais, faut pas pousser mémé dans les orties non plus. Surtout quand elle n'a pas de culotte. Il me sourit à nouveau. Mais cela tient plus du rictus confus. « C’est compliqué avec elle… » Bah tiens. Et puis quoi encore ? Il n’avait pas l’air de trouver ça très « compliqué » quand il explorait les tréfonds de sa cavité buccale. « Je vois. » Il m’énerve franchement là… Et je sens qu’il va nous être difficile de reprendre une conversation normale. Il a dû percevoir mon irritation car il se replonge sans un mot dans ses mathématiques. Il me faudrait un moyen honorable de me sortir de l’auberge. Je ne vais pas partir comme ça, il considérerait mon départ comme une fuite… Mon portable vibre sur la table. Ouf.
Nouveau Message Envoyé par Damien le 19/11/2006 à 17h36 Je suis en bas de la BU... Damien, mon sauveur. « Désolée, je dois filer - Un rendez vous ? » Je fais la moue. De quoi se mêle-t-il ? « On peut dire ça, oui. » | |
|