Altaïr
| Sujet: Fragment #79 - Chaleur 09.04.08 20:19 | |
| Lundi 11 septembre 2006 à Dijon Le soleil me brûle le visage, déchiquète ma peau. Je sens que je cuis, j’entre en ébullition. Il y a cet écran de ciel bleu, ce paravent d’azur au-dessus de nos têtes et, devant moi, il y a elle. Peau noire de suie luisante comme le miel, de longs cheveux épais et tressés qui retombent sur son grand cou. Visage félin, lèvres charnues qu’elle humidifie régulièrement d’un coup de langue rosé. Prunelles d’ébène sur deux lacs d’ivoire. Assise sur un banc du parc Darcy, elle lit un ouvrage dont je n’arrive pas à discerner le titre. Une nouvelle fois, je me courbe pour recueillir dans mes mains l’eau qui jaillit de la fontaine et l’amener jusqu’à mes lèvres. Sa fraîcheur érafle ma gorge déshydratée. Il fait si chaud… Une goutte de sueur perle sur ma tempe, je la sens qui dégouline et dévale ma joue pour rejoindre ce filet d’eau qui s’égoutte de ma bouche sur mon menton. Je regarde la belle noire sur le banc, la façon dont elle tourne les pages blanches de son livre, dont ses prunelles parcourent les mots, les effleurent lettre par lettre. Je voudrais m’installer à côté d’elle, glisser ma main autour de ses épaules et la serrer contre moi, déposer mes lèvres avides de chair sur sa peau dévoilée par un décolleté sexy, la croquer comme un fruit rare et savoureux. Durcissement. Je me remets en mouvement, abandonnant cette stupide immobilité devant sa grâce de Méduse. Je quitte le parc Darcy en passant devant la statue de l’ours, traverse la place Darcy au milieu des voitures, plissant les yeux sous les rayons de l’astre lion. J’arrive place Grangier, devant mon appartement. La clé s’enfonce dans la serrure, la porte s’ouvre puis se referme derrière moi. Je monte les marches quatre à quatre, entre dans mon temple du sommeil et me jette sur le lit. Ma main déboutonne fébrilement mon pantalon.
J’avais quatorze ans. Je venais d’entrer en seconde au lycée. Sylvain et moi rentrions de cours, insouciants. Il faisait beau.
Ultime halètement. Ma main caresse mon torse nimbé de sueur et parsemé de taches de nacre. Je me sens con. | |
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