Procyon
| Sujet: Fragment #87 – Assise ici 06.05.08 22:14 | |
| Mardi 6 mai 2008 à Plombières les Dijon 10h02. Un message de Melissa me souhaitant une bonne journée. Elle est mignonne. J'attache ma ceinture de sécurité et règle le rétroviseur intérieur. La clef tourne sous le volant et le moteur vrombit. « Tu prendras direction Sombernon. Aujourd'hui on va s'entraîner à prendre les voies rapides. » La voiture accélère progressivement sur l'entrée de la bretelle. 50... 80... l'aiguille continue à monter... 110. Je stabilise l'allure d'un dosage précis du pied, je gère la trajectoire à bout de bras ; je contrôle ma position et surveille les autres automobilistes les deux yeux dans les trois rétros et les deux pare-brises. Concentration et coordination sont les maîtres mots de la conduite. Pourtant je n'arrive pas à voir autre chose que son visage dans les petits moutons blancs se promenant dans le ciel. Cédric. Et lorsque mon regard se porte moins haut, toisant la route et ses alentours, ce sont les bosquets, ou même le bitume défilant, qui me sourient. Je ne veux pas qu'ils me sourient, je ne veux pas même qu'ils me regardent. Qu'ils s'en aillent ! J'arrête le moteur devant l'auto-école après une petite quinzaine d'entrées et sorties de brettelles. « Bon, il faudra qu'on revoie ça demain. T'essaieras d'être plus concentré qu'aujourd'hui. » Voilà la seizième heure de conduite terminée. J'approche de la fin de ma formation. Il ne faut pas que je décroche. Je dois me concentrer à nouveau, arrêter de penser à lui. Je sens bien que je n'ai pas progressé aujourd'hui. Ça me coûte déjà assez cher comme ça. En chemin je réponds à ma colombe que son petit oiseau pense fort à elle, et qu'il l'encourage dans ses révisions. Et je pense à lui. Cédric Lenord. Ses cheveux blonds, sa peau claire, sa gueule d'ange, et ses yeux vides. Où peut-il bien être ? Ce midi, il n'y a que mon père à la maison. Nous mangeons nos coquillettes et notre rôti de porc dans le silence le plus strict. J'entends claquer sa mâchoire, il écoute le bruit de ma fourchette. Le tintement des couverts et les bruits gastriques nous conduisent au dessert. Je devine qu'il veut aussi une banane quand il me regarde en prendre une. Je me lève, et commence à débarrasser la table. Il est toujours assis, statue de regrets, le dos voûté et les yeux jetés dans la chaise vide face à lui. « Elle s'asseyait toujours à cette place » Hein ! Quoi ? Il parle encore. Je ne m'attendais pas à entendre le son de sa voix ; surpris, j'en lâche presque son assiette par terre. Après l'étonnement, je le fais répéter, car je ne n'ai pas eu le temps de saisir le sens de ses mots. Non pas qu'il ait parlé vite, mais plutôt que j'ai été étonné de l'entendre et que je n'étais pas prêt à recevoir une quelconque information. « Ma Laura, ma fille chérie, elle se mettait sur cette chaise quand elle vivait encore ici ». Je m'en souviens évidemment. Elle est partie il y a moins de trois ans. « Papa, arrête de ruminer. Il ne faut pas que tu vives avec tes souvenirs, essaie d'aller de l'avant ». J'ai dû le vexer, car il se lève et va s'asseoir dans le canapé. Je monte dans ma chambre envoyer un message à l'oiseau de feu : Bjr,jorè aimé que tu rep à ma letre.Et donne des news aux parents:maman s'inquiète et papa va pas bien.Bisous. Je l'entends regarder les informations. Le bruit vient jusque dans ma chambre. La junte militaire Birmane accepte enfin l'aide internationale. C'est pas trop tôt, on va peut-être savoir ce qui se passe là-bas. Et peut-être qu'un temps, les Khmers cesseront leurs atrocités. La télé s'éteint. Il retourne au boulot. Sans dire un mot. Dans l'après-midi j'appellerai le CODIS.
Dernière édition par Procyon le 08.05.08 22:34, édité 2 fois | |
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Alsciaukat
| Sujet: :) 06.05.08 23:48 | |
| Beuh mais comment c'est glauque ce papa ! On dirait qu'elle est morte, la Laura '_'
Bon pis vivement qu'il ait des nouvelles de Cédric, ça l'obsède méchant, là... Pis je veux le revoir avec Mélissa :P | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #87 – Assise ici 07.05.08 0:00 | |
| J'ai corrigé deux trois fautes au début, mais l'orthographe a l'air de s'améliorer ^^
Bon, j'ai beaucoup aimé, mais à ta place j'aurais pas fait parler le père de manière si abrupte, d'un truc si intime, si profond. J'aurais trouvé ça plus fort qu'il ne dise pas les choses comme ça, de but en blanc, ou alors qu'il le dise de manière plus tranchante encore... | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment #87 – Assise ici 07.05.08 14:39 | |
| Il est vraiment dépité, a besoin de parler, etc... Et oui, je crois que pour lui elle est un peu morte. Cédric, je te promets qu'on en reparlera bientôt, genre tout à l'heure quand je rentre, et Melissa pour l'instant elle révise et la semaine prochaine elle est en exams. Mais on la reverra. | |
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Bételgeuse
| Sujet: Re: Fragment #87 – Assise ici 08.05.08 3:59 | |
| Moi je trouve ça intéressant qu'on l'entende enfin parler, ce père. Ne lâche surtout pas ce fil, Pro !!! :face: | |
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| Sujet: Re: Fragment #87 – Assise ici | |
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