Fragment #91 – Cuisine au concombre

11h03. En plus de manger, Melissa est restée dormir ici. Pierre a raccompagné à Dijon Lilian qui avait rendez-vous avec Robin. Le réveil est amoureux, tranquille et câlin. Ma princesse se frotte contre moi ; ses yeux fermés sont des coffres forts, qui protègent les miroirs de mon bonheur. Elle se sert fort contre mon torse que je bombe pour la protéger. La protéger de la puissance de notre amour.
Elle lève la tête. Ouvre ces coffres à bijoux qui étincèlent, et illuminent le haut de son visage, qui éclairent la pièce toute entière. Elle se plonge dans mon regard. « Pas de secret entre nous mon cœur. » Non, pas de secret entre nous, c'est promis ma chérie.
De toute façon, moi je n'ai rien à cacher, mais elle, j'aimerais bien qu'elle me dise certaines choses. Qu'on parle de tout, qu'on mette des mots sur ce qui l'empêche de coucher avec moi. Hier encore elle m'a promis à coups de reins lascivement frottés sur mon bassin, monts et merveilles. Quoique je ne me plaigne qu'à moitié puisque pour la première fois je ne me suis pas endormi sur le concombre. Elle l'a épluché jusqu'à ce qu'il crache son jus. Blanc et crémeux, il a séché sur l'oreiller. Elle me le montre et rit. Je peux écarter de moi-même le fait qu'elle n'ait jamais vu un homme dans le plus simple appareil à la simple façon qu'elle a eu de se comporter, de poser ses mains, de jouer avec sa langue et ses ongles, de ronronner la nuit durant. Son bassin et ses abdos se frottent encore contre moi, elle est infatigable. Je ne veux pas poser de question tout de suite, je ne veux pas qu'elle ait l'impression que je n'attendais que ça pour en savoir plus. Et je ne sais pas comment formuler ma question. Et elle serait sûrement mal venue après cette nuit ou elle m'a fait lire son livre sur les différentes façons de cuisiner le concombre. J'ai hâte de lui montrer des plats de ma spécialité.