Fragment #1 - Je ne suis pas seule

8h00 : Je ne suis pas seule. Non, je ne suis pas seule. Ce n’est pas parce que je n’ai pas eu de relations depuis quelques années que je suis seule. De toute façon, je me plais en célibataire. Je n’aime pas rendre des comptes et les hommes que je rencontre ne sont pas a la hauteur. Globalement, les seuls qui me plaisent sont déjà mariés. J’ai peut-être déjà raté mon tour. En tout cas, mes copines et moi sommes toutes de joyeuses catherinettes donc aucune raison de m’inquiéter. Ce soir, je vais de toute façon a une soirée rooftop. Ce genre de soirée fleurit a New York dès les premières chaleurs, et en ce mi-août, le thermomètre est monté bien haut. Je suis passé chez Diesel au coin d’Union Square après mon brunch et je me suis enfin payé cette ceinture dont je rêve depuis quelques semaines. Elle fera effet ce soir. D’ailleurs, je ferai bien de me préparer…

10h00 : Je suis encore chez moi, j’ai mis énormément de temps à accorder ma ceinture avec une paire de chaussures. A croire que toutes les fringues que j’ai se sont passées le mot pour que j’arrive en retard. Mon portable vibre… Oui, je sais que je suis en retard. Je sors en courant de chez moi, en claquant la porte. J’espère que j’ai bien pris mes clés. Je monte dans un taxi, et lance un : « Bleecker St and Christopher St, Please! ». La voiture s’est déjà élancée, et je prends le temps de constater les dégâts et de mettre un peu de rouge sur mes lèvres. Je n’ai pas mis ma ceinture, elle me servira pour une autre occasion. J’arrive enfin et sonne a l’interphone. Forcement, personne ne répond puisqu’ils sont tous sur le toit. Je déteste ça ! Surtout que je ne suis même pas invitée, mais je suis là parce que le frère de l’amie d’une amie nous a dit qu’on pouvait passer. J’appelle Caro. Elle vient m’ouvrir en bas. Elle est géniale habillée comme ça. Je vais encore passer pour le boudin de service. J’ai l’habitude de toute façon.

10h30 : Tout le monde me regarde quand j’arrive sur le toit. Les discussions reprennent. Je fume plus que de raison mais comme on a jamais le droit de fumer a New York ça me fait du bien de pouvoir le faire un verre a la main. Intérieurement, j’espère secrètement qu’un des garçons viendra me voir pour discuter.

11h25 : Un beau brun s’approche de moi. Je l’ai déjà vu dans d’autre soirée. Il vient vraiment vers moi. Mon cœur bat a cent a l’heure.
« Tu aurais une cigarette stellaire ?
- Bien sûr, je lui réponds et lui offre mon paquet. »
Il se sert, allume sa cigarette, avale la fumée lentement. Je me contente de le dévisager. Il me regarde, sourit… et s’en va. »

00h10 : Je reprends le taxi, seule. Me coucher seule dans un King size… de toute façon, je ne suis pas seule, j’habite a New York. Il y a des gens partout ici. On est jamais vraiment seule. Mon colocataire a ramené quelqu’un semblerait-il. Je ne suis pas seule. Non, je ne suis pas seule.