Altaïr
| Sujet: Fragment #94 - Le Temple d'Anubis 09.04.08 21:10 | |
| Mardi 26 septembre 2006 à Dijon Œil rouge. Flamboiement. Il renâcle. Je ne le vois pas, je le devine juste, à cette sensation dans mon ventre, l’entrelacs de serpents-viscères qui se tordent et resserrent leur étreinte, à la brûlure au fer rouge de son œil omniscient, comme un œil fixé sur mon cœur. Il sait où je me trouve, car je suis chez lui. Dans son temple. Le temple d’Anubis. D’abord, il y a ce vaste dédale aux murs de pierre jaune, un labyrinthe sans fin dont les parois se meuvent et se réorganisent pour mieux me perdre et m’étouffer. Des murs qui suintent, qui transpirent, qui coulent. Des murs vivants. Nalvenn, mon Ariane lumineuse, me guide vers la sortie. Un essaim de scarabées vert émeraude flotte au dessus d’elle, sans la toucher. Elle porte une robe légère de soie claire et tient une torche de bois que les flammes blanches ne consument pas, comme le buisson ardent rencontré par Moïse. Anubis est partout à la fois. Il renâcle. Pourquoi ne nous prend-il pas ? Pourquoi laisse-t-il la peur nous dévorer ici ? Les serpents de feu qui se tordent dans mes boyaux. Puis, il y a la cour intérieure. Une petite cour égyptienne au parfum d’encens, dont les fumées s’élèvent telles des colonnades vers le ciel. Des iris croissent un peu partout. Au centre, se trouve un bassin rectangulaire. La surface de l’eau, lisse comme du verre, parsemée de quelques nénuphars, reflète le bleu du ciel. Le silence baigne ce lieu immobile, à peine troublé par les cris sporadiques des flamants roses. Je traverse la cour. De l’autre côté, il y a une porte. La salle des embaumements est glauque et obscure. On y manque d’air et de lumière. L’atmosphère âcre est imprégnée de senteurs agressives. Les murs transpirent de chaque brique, des coulées de sueur à mesure que mes entrailles brûlent et s’agitent. Il y a une table, simple et en bois. A côté, un petit plateau à outils. Le long crochet s’y trouve, ainsi qu’un rouleau de bandelettes et quelques amulettes sacrées. Au fond, il y a une porte. Je me déplace pour l’atteindre. Mais l’œil se resserre, les serpents se resserrent, et je me retourne et je vois Anubis face à moi devant moi Anubis qui est là qui me voit son œil rouge sur mon cœur mon cœur qui bat si fort et la peur qui me mange et je cours vers la porte mais je sens les doigts ses longs doigts le Chacal mon épaule qui frissonne mon corps m’abandonne ma vision qui s’efface brusquement. J’émerge de mes rêves. | |
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