Bételgeuse
| Sujet: Fragment #5 - From Alcohol to Water 08.04.08 11:09 | |
| Vendredi 9 juin 2006 à Dijon J'ai la tête lourde, au réveil. Mes paupières me demandent un effort surhumain pour les soulever. Pourtant, je sais qu'il est tard, je le sais pertinemment. Je sais aussi que j'ai du boulot, que je veux mon année et qu'il faut que je travaille pour l'avoir, je sais tout ça. Enfin, je ne suis plus sûre de vouloir mon année... Enfin je ne sais pas, et là, je ne suis pas en état de me poser la question. J'arrive à m'asseoir sur mon lit, mais je dois poser la tête sur un oreiller pour que le monde arrête de tourner autour de moi. Il fait chaud, dans cette chambre, beaucoup trop chaud. Je retire lentement mon pyjama, car je vais fondre si je le garde, je vais fondre et former une flaque, à côté des bouteilles, et quand quelqu'un entrera ici (si jamais quelqu'un s'inquiète pour moi et va jusqu'à entrer ici), il croira que je suis un reste de whisky et m'épongera à la serpillière. Arrête de dire n'importe quoi. Je me traîne à la salle de bain, je tourne le regard pour ne pas voir mon reflet. A quoi ça servirait? Je sais déjà à quoi je ressemble, je sens la pâleur de ma peau jusque dans mes os. Et puis le ruissellement de l'eau, son petit clapotis, en jet doux. Merde j'avais oublié que je n'ai plus d'eau chaude... Bon, au moins ça me réveillera... Je frissonne lorsque les premières gouttes atteignent ma peau, et puis je retrouve vite le bonheur d'être sous l'eau, de la sentir m'enrober toute entière, mon élément, bien précieux dans lequel on est si léger, léger, qui nous porte, et nous lave de tout ce qui est superflu. Agua, mi amor. Je me sens tellement à ma place ici, sous cette cascade d'eau glacée, qui paralyse mes muscles, ma peau, pour finalement les laisser plus en vie que jamais, je pourrais y rester des heures, des jours entiers même, à me purifier de tout ce que j'ai fait, à demander pardon pour tout ce que je ferai. Si j'ai un Dieu, c'est le Dieu aquatique suprême, celui grâce à qui l'eau est si belle et si douce et si divinement transparente et grâce à qui elle file entre mes doigts glacés, formant comme une robe éphémère sur mon corps tremblant. Le reste n'a aucune importance.
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