Alioth
| Sujet: Fragment #29 – Sur mon tapis 13.06.08 1:25 | |
| Vendredi 13 juin 2008 à Paris Il faut digérer le morceau. D'abord tu entends les mots, qui tombent à un moment inattendu (est-ce qu'un tel moment peut être attendu ?). Tu entends, que dis-je !, tu crois entendre, des mots que tu penses comprendre, mais ce ne sont que des sons qui n'ont finalement pas de réelle signification sur l'instant. Michaël est mon fils est pourtant une des phrases de base qu'on peut apprendre en grammaire. Sujet, verbe, attribut du sujet. Une phrase que tu t'attends à lire dans n'importe quelle méthode Assimil pour étranger souhaitant apprendre le Français. Aussi simple que Where is John ? John is in the kitchen... Michael est mon fils. Simple. Simple ? Tu réfléchis. Grégoire. Déjà, son prénom, ça commençait mal. Ressortir tes plus vieux cauchemars. Réveiller tes plus anciennes angoisses. Grégoire. Et maintenant ? Maintenant tu apprends qu'il a un fils qui a deux ans. Tu l'imagines en train de brouter le minou d'une fille et, qu'il le souhaite réellement ou non, de prendre la décision de fourrer sa bite et d'avoir un enfant. Elle est où cette femme ou cette fille, maintenant ? Est-ce qu'il est descendu pour la voir elle aussi ? Est-ce qu'il lui reste des sentiments ? Quand il y a un bébé, n'y-a-t-il pas quelque chose que tu ne pourras jamais donner ? Qu'est-ce donc qui s'interpose entre vous ?
Michaël. Tu te mets à haïr ce prénom comme si c'était celui de ton pire ennemi. L'enfant que tu crois voir de temps en temps et qui ricane refait surface. C'est peut-être lui ? L'ombre de ce fantôme qu'il t'a caché depuis le début ? C'est peut-être lui ? L'ombre d'une menace ? Que peut représenter Michaël pour toi ?
Je suis un monstre. Moi qui pense tellement avoir des enfants, je le déteste. Moi qui chéris ces petites têtes blondes, je le maudis. Michaël... Je regarde Grégoire allongé sur le tapis du salon, regardant la télévision la tête posée sur ses mains, et je ressens soudain une extrême distance. J'ai cinq ans de plus que ce gars qui sort à peine de l'adolescence et je réalise maintenant qu'il est père. Que c'est MOI l'adolescent. Il y a un être humain dans ce monde, dans ce pays, qui est sorti de la chatte d'une fille grâce à son coup de bite à lui. Michaël c'est l'accomplissement ultime. C'est la jouissance faite humaine. Et Grégoire, maintenant, regarde la télévision comme si hier il m'avait annoncé qu'il aimait bien la tarte aux pommes. Cerise sur le gâteau : l'air de rien, au détour de quelques mots, il m'annonce également que ses parents sont morts. Michaël. Mes parents sont morts. Cela fait beaucoup, non ?
Ce gars allongé sur mon tapis, dans mon appartement, qui est-il ? Qui est ce gars capable de défoncer la tête d'une personne qui vient de m'insulter ? Qui est ce gars qui ressemble à un adolescent et dont les parents sont morts et qui, en plus, a un enfant de deux ans ?
Grégoire... | |
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Wezen
| Sujet: Re: Fragment #29 – Sur mon tapis 13.06.08 9:57 | |
| C'est dur à assumer de se sentir abandonné (trompé ?), par qqch dont l'autre n'est pas complètement responsable (un peu quand même...). Pas grand chose pour fixer sa colère à part l'enfant. Je suis curieux de savoir comment ton personnage va évoluer par rapport à ça. | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #29 – Sur mon tapis 13.06.08 10:30 | |
| Ahh trop trop bien :) C'est jouissif à lire, et le suspens est à son comble... Encore ! | |
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| Sujet: Re: Fragment #29 – Sur mon tapis | |
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