Mirak
| Sujet: Fragment #1 - Une soirée banale 15.06.08 16:27 | |
| Mercredi 11 juin 2008 à Paris J’ai encore fait un cauchemar. X et moi étions assis à une table, lui en face de moi, et il me parlait en pleurant. Il lui manquait la partie supérieure de la tête, qui avait été sectionnée en biais, de sorte que le côté droit de son visage était plus haut que le gauche. Du sang coulait abondamment depuis son abominable blessure sur son visage, mais bizarrement il ne semblait pas se plaindre de ça. Si je me souviens bien de ce qu’il racontait, il me parlait de se grand-mère récemment décédée, comme souvent ces derniers temps. Quant à moi, je suis encore maintenant traumatisé par la vision que mon subconscient – particulièrement déchaîné ces temps-ci – a généré dans l’unique but de gâcher une nouvelle fois mon sommeil.
C’est la vibration de mon téléphone portable qui me sort de cet enfer. Mal de crâne, envie de vomir, bouche pâteuse, j’ai droit à l’attirail complet du réveil-lendemain-de-cuite. Et puis tout cela laisse place à une envie particulièrement sauvage de tuer, quand, en posant les yeux sur l'horloge du salon (je me suis encore endormi dans le canapé tout habillé), je constate qu’il est à peine quatorze heures trente du matin. J’empoigne mon téléphone, prêt à hurler sur l’importun, mais je constate que c’est « Maman » qui est affiché sur l’écran, je me contente de l'ignorer.
Une demi-heure plus tard environ, je me redresse dans un état semi-comateux, m’assieds sur le canapé, attrape le paquet de clopes le plus proche, en extrais une d’un geste aussi tremblotant que rageur, l’allume en manquant de me brûler les cils, et je tire une profonde bouffée pour tenter de m’éclaircir les idées. Au fur et à mesure que ma cigarette devient cendres, des lambeaux de souvenirs me reviennent d’hier soir. Encore une pitoyable nuit. Et pourtant, j’étais en mode garçon-de-bonne-famille.
***
Après un « before » particulièrement animé dans l’appartement en centre-ville de la grand-mère de Capucine de L***, petite-fille du Marquis du même nom, entassés sur des fauteuils Louis XV recouverts de tissus-d’époque-s’il-vous-plaît sur un desquels Louis D***, rejeton d’un avocat très en vue, a allègrement vomi son dîner, on s’est entassés dans deux voitures paraît-il très chic (et surtout très chères) et on est arrivés sur les coups de minuit chez les R***, manquant de nous tuer une dizaine de fois sur les routes de campagne (les conducteurs étaient au moins aussi soûls que moi), dans cette grande bâtisse fort laide, typique de la fin du XIXème siècle, qui a été renommée château pour l’occasion de la soirée, ça faisait mieux sur le carton d’invitation.
Alors que je gratifiais d’un baise-main la Comtesse de R*** (qui est aussi Comtesse que son pavillon est château), je n’ai pu empêcher un « elle est bonne ta fille », juste pour la provocation. De toute façon elle n’a rien compris, je m’en doutais, elle était complètement torchée elle aussi. Elle a cinquante ans, est censée incarner la meilleure société de la région, mais n’a jamais su gérer son goût immodéré pour le Champagne.
En même temps, il faut bien le reconnaître, Adélaïde de R***, elle est bonne. Jean est d’accord avec moi, d’ailleurs je viens de le retrouver près du buffet, un verre de vodka à la main, le visage déformé par un rictus alcoolique. Il me raconte qu’il est là depuis une heure, que cette soirée « sdlamerde », qu’il a déjà cassé quarante-six verres (c’est son activité favorite dans ce genre de soirée, le lancer de verres dans les buissons), et qu’il veut se taper Florence M***. En somme rien de nouveau depuis la dernière fois. Puis il me propose de l’aider à élire la Miss de la soirée. Vingt et un ans, alcoolique depuis quatre, et pourtant toujours bloqué dans ses délires de collégiens. J’apprends que Hugo a « de la bonne » sur lui, me souviens instantanément que c’est mon meilleur pote pour lui en taxer, le re-déteste un quart d’heure plus tard parce que son papa est beaucoup plus riche que le mien. Je repère une ou deux tapisseries-cathos-coincées-du-cul que j’invite à danser un rock très traditionnel (et très alcooliquement imprécis) sur une musique qui l’est beaucoup moins, en profite pour les choquer par des attouchements déplacés, puis le fil de la soirée se perd, alcool, musique poum-tchac, un rayon de laser vert sur la piste, un verre de gin, Jean qui vomit dans le jardin, conversation philosophique avec un inconnu cocaïnomane... voile noir... le réveil ce matin, impossible de me rappeler comment je suis rentré chez moi. Mon smoking est foutu, une fois de plus, c’est pas grave, Maman paiera le pressing. Heureusement qu’elle déteste la Comtesse de R***, elles ne se parlent jamais et comme ça elle ne saura jamais rien de ma conduite d’hier soir.
***
Le temps d’émerger totalement, douche, rhabillage, un peu de rangement, il est déjà temps de penser à ce soir. Et ce soir, je passe dans un tout autre mode. Celui que mes « amis » d’hier soir ignorent totalement. Et cela promet d’être encore plus amusant que toutes les sauteries chez les diverses Comtesses de Moncul que j’ai pu connaître... | |
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Bételgeuse
| Sujet: Re: Fragment #1 - Une soirée banale 20.07.08 16:38 | |
| Ah. AHHHHHHHHHHH, même. Je découvre avec plaisir ce tout jeune personnage (oui je suis en retard, je sais). Et j'adore ce premier frag. Pleinement et entièrement. (ce qui ne devrait pas étonner ceux qui me connaissent un peu). En fait j'avais envie de hurler en le lisant, mais je me retiens. Bref : Et bienvenue !! | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment #1 - Une soirée banale 20.07.08 18:35 | |
| Le contraire m'eut étonné ^^ | |
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Bételgeuse
| Sujet: Re: Fragment #1 - Une soirée banale 20.07.08 18:46 | |
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| Sujet: Re: Fragment #1 - Une soirée banale | |
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