Procyon
| Sujet: Fragment # 112 – Les foulées d'un départ 16.06.08 21:26 | |
| Lundi 16 juin 2008 à Plombières les Dijon 10h06. Je sers une dernière fois mes lacets et je m'élance droit devant moi. Je quitte rapidement le bitume pour m'enfoncer dans les coteaux, disparaître dans les vignes, fouler les chemins. Fouhh fouhh inh, fouh fouh inh, fou... Il fallait que j'aille courir. Évacuer. M'entraîner. Me préparer pour le concours d'entrée à la Brigade. Bien sûr il y a de la marge pour que je sois gros et flasque, mais ces dernières semaines ont été l'occasion de beaucoup de repos pour mon corps. Je sens bien que j'ai pris du poids, fait du gras et perdu du muscle. Je dois retrouver mon meilleur niveau, et plus encore d'ici septembre. Je ne dois pas me contenter d'être médiocre, je vise le haut du classement de ma promotion. Fouhh fouhh inh, fouh fouh inh, fou... D'ici septembre j'ai le temps de retrouver une parfaite forme. Mais il vaut mieux s'y prendre tôt pour éviter que les mauvaises graisses ne s'accumulent. Fouhh fouhh inh, fouh fouh inh, fou... Ça grimpe dis-donc. Fouhh fouhh inh, fouh fouh inh, fou... Je me vois déjà à la Brigade, briguant la place qu'occupent mes aînés. J'en rêve. Fouhh fouhh inh, fouh fouh inh, fou... Je cours pour courir. Je cours car la course est le sport le plus complet. Elle permet de faire travailler l'endurance, la respiration et les muscles des jambes, du bassin, des épaules, et même les abdominaux. En plus ça permet de se remettre au sport en douceur. Chacun son rythme, à moi le mien. Fouhh fouhh inh, fouh fouh inh, fou... Et puis j'aime bien courir. Fouhh fouhh inh, fouh fouh inh, fou... Mais au fond je dois bien courir pour oublier aussi. Non pas oublier la mort, sa mort ; mais oublier que je suis triste. Quand on court on ne pense à rien. On ne pense qu'à regarder ses pieds. On se force parfois à penser, mais on se réserve les meilleures pensées et rien ne vient nous troubler.
Pfouhh ! J'arrête le chrono. J'ai mis plus longtemps que d'habitude. Je me sens libre. Je suis épuisé. Je me sens léger. Je suis exténué.
Je monte prendre une douche. Puis je m'allonge sur mon lit en attendant d'aller manger. Mon corps fatigué s'étend, il s'endort ; je me vois sombrer dans le sommeil, je ferme les yeux.
J'ouvre les yeux quelques minutes plus tard. Non plusieurs heures plus tard à vrai dire. Zut je devais aller chercher Melissa à la gare. Son train arrive dans 17 minutes. Si je me dépêche je peux y arriver. Je me passe un coup d'eau sur la figure, attrape un pull, et prends les clefs dans l'entrée. Je grimpe dans la 206 noire de ma maman. Je commence par reculer le siège pour pouvoir mettre entièrement mes jambes. Ce sera plus pratique. Il est dix-huit heures passées de quelques minutes lorsque je m'arrête devant la gare. Elle est devant l'entrée, ses cheveux au vent et sa jupe plutôt courte pour la température. Elle ne m'a pas vu. Mon ventre gargouille. Elle tient dans sa main les deux côtés de sa veste pour la maintenir fermée. Je klaxonne un petit coup. Elle lève la tête. Puis se remet à contempler ses chaussures. Je laisse la voiture plantée là, et j'en descends. En quelques grandes enjambées je suis devant elle. Je l'attrape dans mes bras. Nous nous embrassons pendant que je la soulève du sol. Nous nous décollons enfin. Je passe un bras sur ses épaules, et je me sers de l'autre pour prendre son sac. Il est lourd. « Il est lourd pour voir que tu n'es rentrée chez toi que quatre jours. - C'est un sac de fille mon cœur. » Je démarre et pose ma main sur sa cuisse. Elle pose la sienne sur la mienne. | |
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Altaïr
| Sujet: Re: Fragment # 112 – Les foulées d'un départ 18.06.08 0:16 | |
| Quelques maladresses sur la fin, mais dans l'ensemble j'aime bien, ces "fouhh fouhh inh" qui rythment la vie d'Alex depuis si longtemps... | |
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Procyon
| Sujet: Re: Fragment # 112 – Les foulées d'un départ 18.06.08 15:09 | |
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| Sujet: Re: Fragment # 112 – Les foulées d'un départ | |
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