Fragment #51 - Exam

Il est neuf heure pile. C'est parti. L'un des professeurs remonte la rangée de gauche de l'amphi - celle où je suis assise conformément à ce qui est inscrit sur ma convocation - tout en distribuant les sujets. J'essaye de distinguer le thème de l'épreuve sur les copies des gens situés plus en avant mais d'où je suis je ne vois pas grand chose. De toute façon, je saurai très vite de quoi il s'agit.
En effet, quelques secondes plus tard, qui m'ont parues être des heures, la feuille tant attendue se retrouve entre mes mains, animées d'un léger stress nerveux. Mes yeux parcourent rapidement le sujet pour en identifier le thème. Interférométrie... Je jette un oeil rapide sur les premières questions qui ne me paraissent pas difficiles avant de retourner la feuille. De l'autre côté, le schéma d'un Michelson, accompagné d'un cortège de questions. Bon, ça a l'air faisable. Je prends mon stylo et reporte sur ma copie le titre du premier problème, tout en surveillant ce qu'il se passe devant moi. Hum... Les gens du premier rang ont déjà commencé à écrire, il ne faut pas perdre de temps. Deux heures, ça passe extrêmement vite.
Je traite rapidement les premières questions qui relèvent du cours, en m'assurant cependant que de malheureuses erreurs de calcul ne se soient pas infiltrées dans tout ça.
Bientôt, quelqu'un demande une feuille supplémentaire. Mince, je n'ai rempli que trois pages et déjà vingt minutes de passées. Le sujet est encore long. Mais pour l'instant je m'en sors bien, inutile de paniquer. C'est donc sans trop de difficultés que je parviens au second problème. Je tourne la page, et jette un oeil à l'horloge qui trône au dessus des bancs de l'amphi. Encore une heure. Je pourrai peut-être tout traiter si je ne perds pas de temps. J'écris le titre du second problème à la suite de celui que je viens de terminer. Pendant ce temps, un garçon se lève dans l'amphi, range ses affaires et va remettre sa copie à l'un des professeurs avant de quitter la salle. Encore un qui ne compte pas valider son semestre... Mince, il ne faut pas que je me laisse distraire, il reste un problème à traiter, et il a l'air plus costaud que le précédent.
En effet, dès la troisième question, mon rythme commence à se faire plus lent tandis que l'horloge semble tourner de plus en plus vite. Une main sur le front, l'autre griffonant des calculs sur une feuille de brouillon rose, j'essaye de réfléchir en gardant mon calme. Soudain, j'entends le tip tap que produisent les doigts de mon voisin de gauche au contact des touches de sa calculatrice. Je regarde le sujet... Encore trois questions avant l'application numérique. Merde, il est bien en avance. Où plutôt, c'est moi qui suis en retard. Et ce calcul que je n'arrive pas à mener à terme ! Pour, la troisième fois, je raye ce que je viens d'écrire. Sous la table, ma jambe remue à haute fréquence, sans que je puisse la contrôler. Bon, tant pis, je trouverai pas, j'avance. Lorsque je lis les premiers mots de la question suivantes, une bouffée de stress m'envahit. « En utilisant le résultat précédent, montrer que..» On dirait que je n'ai pas le choix. Merde, merde, merde... Je me replonge donc dans cette foutue question, tout en essayant de gérer le stress qui monte en moi. Calme toi Déborah, ça doit pas être si compliqué que ça. Je reprends mes calculs, en détaillant bien chaque étape du raisonnement. Encore une fois c'est un échec, il y a toujours ce facteur en trop. Pourtant, je n'ai pas pu me tromper, j'ai tout vérifié plusieurs fois. A moins que... Merde ! Mon coeur se met à battre à toute allure lorsque je m'aperçois que j'ai fait une erreur en recopiant l'énoncé deux questions plus haut. Merde, je ne peux pas tout refaire ! Bon, on se calme, je vais corriger... Je sors mon effaceur et commence à retoucher toutes les lignes de calcul, en essayant de ne pas ajouter de nouvelles erreurs, ce qui serait dramatique. « Il vous reste cinq minutes ! » La voix du prof retentit dans l'amphi et dans ma boîte crânienne. Putain, merde, merde, merde ! Je laisse tomber l'effaceur et commence à raturer un peu partout à toute allure, à ajouter les calculs en pattes de mouche là où il reste encore de la place. Finalement, et au prix d'une copie dégueulasse, je parviens à l'application numérique finale. Plus qu'une minute... Je tape le plus vite possible les données sur le clavier de ma calculatrice et m'empresse de noter le résultat sur ma copie, sans même essayer de savoir s'il a un sens où pas. « L'épreuve est terminée ! » Je pousse un soupir de soulagement tandis que je numérote mes copies, le poignet encore tremblant. Voilà, l'année est terminée. Encore une... J'anonyme ma copie, la dépose au bureau, et quitte l'amphi, laissant derrière moi le brouhaha estudiantin d'après exam.