Fragment #127 – A ranger ? C'est arrangé

18h13. Melissa ne dort pas ici ce soir, elle va à la danse jusqu'à 21h, et après elle rentre dans son studio. J'en profite pour ranger un peu ma chambre qui ressemble plus à un champ de bataille qu'à un havre de paix, de calme et de repos. Il faut ramasser par terre les chaussettes de la veille et de l'avant veille, les pantalons de plusieurs jours, des bouchons de stylos déjà jetés, des pochettes de CD, des livres éparpillés, etc... Mais il y a aussi des piles de papiers sur le bureau, une boîte de photos renversée sur ma table de nuit, et des paquets de gâteaux tous à moitié vides ou à moitié pleins. Je suis décidé. Mais pas très organisé. Quand j'empoigne un truc d'un côté je le repose de l'autre ; je déplace les choses rapidement mais les range à un rythme de limaçon aux yeux bandés. Quand le sol est presque net c'est le bureau qui disparaît sous des tas impénétrables d'objets hétéroclites. Et lorsque je dégage le bureau c'est le sol qui se retrouve entièrement jonché. C'est fou d'être bordélique à ce point avec une mère aussi maniaque. C'est sûrement une réaction de rejet du comportement maternel.
J'attrape les habits, la caisse à linge sale, et méthodiquement sans distinction de degré de saleté -ou de propreté- je les mets tous dans la caisse. Ça dégage déjà un peu de passage. Je m'attaque maintenant aux CD. Je me mets en tête de remettre chaque CD dans la boîte qui lui correspond. Ce n'est pas une mince affaire vu le nombre de CD que j'ai, et surtout la façon dont ils sont rangés pour le moment. J'en prends un dans ma main gauche et lui cherche de la droite chaussure à son pied,
Bbbiiiiiiiiiiiiiiiipiiippiipppipppppppppp...
je le lâche. Je terminerai plus tard.

On décale à trois : Carole, Toni et moi. C'est Toni qui conduit. AVP avenue François Mitterrand annonce la voix de la mère de famille changée pour l'occasion en super-woman des temps modernes. L'uniforme transforme les gens.
Un chien a traversé la route, la voiture noire a pilé et le vélo qui n'avait pas de frein lui est rentré dedans. Rien de bien grave, quelques morceau de peau en moins sur les tibias du cycliste au short. On ne peut imaginer la scène sans penser à un scénario de dessin animé.

Je rentre et retrouve le capharnaüm dans ma chambre. Je range soigneusement dans mon portefeuille la carte de tarot offerte par Lilian, et le précieux briquet avec lequel je joue régulièrement. Il me faut bien deux heures pour finir de ranger. Il est presque minuit. Je m'endors tout habillé après avoir souhaité par sms une bonne nuit à ma belle. Je ne sais pas d'où vient cette fatigue. Mon boulot n'est pas exténuant en lui-même. Mais je n'avais plus l'habitude d'avoir un rythme régulier. En tout cas ça fait plaisir de voir cette chambre aussi bien rangée. Ça l’arrange drôlement.