Sélène
| Sujet: Fragment #6 - Scènes coupées : Welcome au ministère 09.04.08 21:36 | |
| Mercredi 9 mai 2007 à Paris L'ampoule crépite. Mes yeux s'adaptent à la lumière crue qui éclabousse la pièce. Une vitre une table une chaise vide en face. Mais qu'est ce que je branle ici. Je me lève, évaluer l'endroit. 6 mètres sur 5, une glace sur le mur de droite et une porte simplement pourrie à coté. Non mais c'est quoi ce bordel. Et puis mes fringues là ?! pantalon toile bleu, chemise bleue à bouton blanc. Ca y est. J'y suis : je suis mort OU en dégrisement. Sauf que ça se passe en cellule crasseuse, les dégrisements. Sauf que ça colle pas avec le modus operandi classique : après un tour en salade, essorage étendu la gueule ouverte sur une bassine. J'ai trop picolé, j'ai trop dansé, j'ai trop dragué. Voilà, je n'ai qu'à m'en prendre à moi-même. Non c'est pas possible... Fouillons ce mic-mac qui me sert de boite à cogiter. Déjà, hier, où étais-je ? Ouais où étais-je. Rendez-vous avec Mr A. de Vegg, Paris-Chatelet. Pour discussion événementiel ; date de concert à fixer. Jusque là ok. Ensuite, ça a du s'éterniser. Je revois vaguement une soirée rock stoner au klub. C'est ça. Zik psyché qui dégourdit le spleen rock qui m'habite. Retour arrière. Remove all trace. Lumière rose, platine et table décorée d'alcools bruns. Je décroche. Un flou ; un malaise d'inconscience. Flashs et vertiges. J'ai rien pris putain ! Voltige de souvenirs, cascade en riffs de guitares, mes mains touchent les murs en pierre rugueux. Mal aise. Le plafond est voûté, les tailles grossières. Flash. Je suis ailleurs. Je me souviens de la rugosité du sable qu'on laisse filer entre ses doigts. La chaleur des pieds nus sur des dalles de marbre, l'été l'Afrique, l'été robe longue noire fendue. Et des cils qui friponnent avec un reflet de lumière, un prisme à travers un verre de vin. L'élégance feutrée sauvage, les hormones et les amours capricornes... Monsieur Nathan youhou. T'es là ? Reviens avec moi. Je suis dans le merdier en chemise coton bleue. Si je résume ; j'ai tué personne, j'ai fait un coma de débile, et j'ai mon système onirique qui saute des sillons. Tout fout le camp. Et je suis là. Je vois pas d'autre alternative, j'ai bouffé la fin du rouleau : Je suis dé-cé-dé, Dead. Mes potes doivent danser sur ma tombe avec une botte de radis dans le cul. Hourra. Bon, c'est pas grave, œuvrons dans ce nouvel espace confiné qui m'est dédié. Deux chaises ; prenons-en une, une table avec feuille et stylo posés dessus. "Bordereau de frontière, formalités de transit." En bas : papelard émis du ministère des enquêtes d'intérêt de la Vème villégiature des étoiles. Non mais ouais. C'est les douanes. Mais j'ai rien à déclarer moi. Y en aurait bien deux trois pour me balancer, mais elles sont pas là. Ah ça repart, c'est la dérive. Un câble fond dans ma tête, un laïus d'images de soudure, de carbone et d'éthane. Maman ? Qu'est-ce que tu fiches ici ? T'es morte. Paris, chantier, métro. Flash. La porte s'ouvre ! Ce n'est pas le moment de délirer, j'ai besoin de concentration. Je fixe le loquet, puis l'entrebâillement, et le jet de lumière tungstène qui m'aveugle. | |
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