Fragment #7 - Au boulot !

J'ai démarré un stage d'été il y a un peu plus d'une semaine. Je ne m'étendrai pas sur le contenu de ce stage, qui ne présente absolument aucun intérêt. Je ne ferai pas non plus de commentaire détaillé sur les gueules de bois atroces que j'ai dû endurer tous les matins depuis que j'ai commencé. On me force à me lever tous les jours à sept heures du matin. Je crois que ça parle de soi, je n'aurai donc pas besoin de décrire non plus l'immense changement que ça fait.

L'ambiance est terrifiante dans mon bureau. Mon voisin téléphone à sa femme dix fois par jour, elle a accouché il y a un mois, et apparemment il s'inquiète beaucoup trop de savoir si elle va bien. Dernier coup de fil, il voulait savoir si elle n'avait pas trop froid dans la maison. Il faut l'entendre, c'est insupportable, il prend une voix mielleuse et niaise au possible, dit « ma pauvre chérie » toutes les phrases en geignant, et l'appelle ma puce.

Mais c'est toujours mieux que mon autre voisine, celle qui est derrière moi, qui, pendant les pauses café, donne les dernières nouvelles de son chat qu'elle a acheté avec son copain pour son pavillon de Neuilly-Plaisance, et qui raconte qu'elle lui a fabriqué un grattoir pour se faire les griffes pendant le weekend. Quand je pense que ces deux-là ont à peu près mon âge, ça me fait froid dans le dos.

Grand événement : hier mes collègues sont allés au restaurant tous ensemble. Apparemment c'est quelque chose d'extraordinaire. Les pauvres, je ne sais pas comment ils tiennent le coup ce matin, ils se sont sans doute couchés après minuit. Et en plus ça veut dire qu'ils ont dû rater le dernier Journal Télévisé de Poivre d'Arvor. Le drame.

Aujourd'hui je me sens frais. Aucune gueule de bois, même pas envie de dormir ou de vomir. C'est très étrange, et je dois dire que c'est plutôt agréable. Mais c'est comme toutes les bonnes choses, il ne faut pas en abuser.