Fragment #133 – Avant que ne s'éloigne le soleil

12h25. Elle m'a fait des pâtes évidement. Mais en salade cette fois-ci. Comme ça elle pourra emmener les restes dans ses bagages. Ma blanche colombe va s'envoler pour trois semaines en Italie. Elle part avec ses parents dans un petit village près de Grosseto en Toscane, voir ces gens qu'elle appelle ses cousins en sachant qu'elle n'a que peu de lien de parenté avec eux. Ils s'y rendent tous les deux ans en moyenne. Ils ont leurs habitudes là-bas. Elle aimerait bien voir autre chose de l'Italie que la mama on ne peut plus enrobée, le jambon, la mozzarella, les pastas, etc...mais ses parents sont un peu vieux jeu et n'ont pas trop envie de changer leurs habitudes. C'est tellement plus facile de faire toujours pareil.
Le ciel indigo nous enveloppe en bas de chez elle. Nous avons fait l'amour toute la nuit. Et encore ce matin. Je l'ai aidé à faire son sac. Ses parents vont venir d'ici quelques minutes. Je la serre contre moi et me prépare à être séparé d'elle pendant trois semaines. Bien sûr que non je ne vais pas t'oublier, t'es bête. Ses lèvres rencontrent les miennes, et ma petite danseuse tournoie sous mes paupières. Elle m'entraîne dans sa valse d'amour. Je t'aime belle amazone. Un bruit de moteur se rapproche, des pneus font crisser les graviers de plus en plus près. Elle s'arrête, la voiture, d'où descendent Monsieur et Madame Vescuti. Je n'ai plus contact physique qu'avec la main de ma dulcinée. Je dois faire bonne impression pour la première rencontre. Elle ma lâche la main et embrasse sa mère. Embrasse son père. J'embrasse à mon tour sa mère et serre la main de son père qui me sourit. Il a de la poigne.
« Papa, Maman, voilà Alex mon petit ami.
- Voilà donc le fameux Alex qui a fait chavirer le cœur de ma fille. Bienvenue dans la famille petit gars, dit son père.
- Merci. Vous avez fait bon voyage ? »
Pendant qu'il me répond je l'aide à mettre le sac de Melissa dans la Laguna noire. Je réponds correctement apparemment aux questions paternelles et protectrices de Mario – il préfère que je l'appelle par son prénom – du type tu fais quoi dans la vie ? Vous vous êtes rencontrés comment ? Etc...
La demi-heure est passée très vite et déjà ils remontent dans la voiture. J'embrasse une dernière fois Melissa dans le plus long baiser que nous ne nous fussions jamais échangé, avant qu'à son tour elle ne ferme sa portière. Mario baisse sa vitre et me lance en démarrant de ne pas m'inquiéter, ils me la ramèneront vite et en bonne santé.
J'espère bien.
Je me retrouve seul en bas de l'immeuble et mets quelques minutes avant de me diriger vers l'arrêt de bus.

Ce soir le soleil brille moins que d'habitude quand il se couche.