Vendredi 25 juillet 2008
à Dijon
15h42. Je pose mes yaourts, les lâchant presque, sur le côté. J'attrape en me relevant mon téléphone sur la palette. J'avais oublié de la mettre en vibreur. C'est un message de Lilian. Il me dit qu'il vient de prendre nos billets de train pour samedi soir comme convenu. Pour Paris comme convenu. C'est là que nous allons le chercher. Julian. Dès que Laura nous a annoncé que l'appartement où Julian vivait au Kremlin-Bicêtre a brûlé il y a trois semaines il s'est juré de retrouver son frère. J'ai réussi à convaincre Lilian d'attendre jusqu'à samedi pour partir. De cette façon nous ferons voyage, recherches, et retrouvailles ensembles. Ça nous laisse de plus, le temps de préparer notre départ même si je le trouve précipité. On ne sait pas vraiment où on va aller. Laura a dit qu'elle me le confirmerait, mais a priori on pourrait dormir chez elle. En fait je commence à me dire qu'il y a quelque chose d'anormal. Que Julian ne donne pas de nouvelle s'il est en vacance ou s'il sort, libre à lui, mais l'appartement dans lequel il vivait a brûlé. Il aurait dû avoir envie d'en parler ; pourtant aucun membre de sa famille ne semble être au courant.
J'espère qu'il ne lui est rien arrivé de grave.
Je m'en retourne à mes yaourts, mes palettes et Radio-Intermarché. Le vendredi après-midi il y a davantage de client que le reste de la semaine. Et les vacances estivales ne changent rien à cela. Les personnes âgées continuent de venir à n'importe quelle heure, mais de préférence à l'ouverture, entre midi et deux, et à la fermeture. Les bambins continuent de courir dans les rayons, de sauter entre les présentoirs et de piailler au cul de leur mère un bonbon ou une boisson. Je commence à en avoir mare ; vraiment mare. Je trime, rame et m'arme de patience. Il ne reste plus que demain. Ce n'est pas assez physique pour être utile ni assez intellectuel pour être intéressant.
Voilà ma journée qui se termine. Je monte dans la voiture. Je ne me dirige pas vers la maison, mais je prends la rue en sens inverse. Direction Chenôve et ma salle de sport. J'y ai été tous les soirs cette semaine.
Pédalage intensif, ramage épuisant, tractions spectaculaires, abdos époustouflants, ou simplement essouflants, douche froide. Je ne suis resté qu'une heure et demie. C'est bien suffisant.
Je mange chez Cédric, il m'a invité à un barbecue chez lui avec quelques amis. Ou plutôt avec tous les gens de sa classe qui me donnent l'impression d'être venus plus pour profiter de sa maison que de sa personne. Mais il s'en fiche, il se complait à me présenter depuis le début de la soirée comme un grand ami à lui. Il raconte comment je lui ai sauvé la vie, comment je l'ai aidé à réviser son bac de français. C'est vraiment à l'entendre, grâce à moi que tous ces gens sont réunis ici. Je suis un peu gêné et ça m'énerve rapidement. Alors au bout de trois saucisses je m'éclipse pour ne plus revenir. Je rentre chez moi. Melissa me manque. Je m'endors rapidement. Melissa me manque beaucoup. Je n'ose pas l'appeler parce que ça coûte cher alors on se contente d'une quinzaine de messages par jour.