Fragment #12 - Le chaos de mon existence

Je suis là, debout, les bras ballants, le regard vide, au milieu de ce chantier, de cette guerre du golf qui se déploie sous mes yeux. Mon appartement. Le découragement m’envahit. Par quoi commencer ? Il y a trop à faire. De la cuisine au salon, de la chambre à la salle de bain. Comment ai-je réussi à laisser un désordre pareil s’accumuler à l’infini ? C’est humainement inconcevable. Je vis seule et le bordel ambiant ressemble à celui d’une famille de quatre personnes. Ma mère ne m’a-t-elle donc rien appris… Elle si maniaque, si pointilleuse, si prévoyante. Mon lieu de vie est le reflet de mon existence, le chaos. Trop de choses à faire et si peu de temps pour les réaliser. Trop de confusion en mon esprit et si peu de solution pour tout régler. En attendant, ces pensées existentielles ne vont pas aider la vaisselle à se faire toute seule. Il est temps de remonter les manches Angela ! Procédons par ordre…
Quelqu’un vient de sonner. C’est bien le moment ! J’hésite un instant. Si j’ouvre, cela risque de compromettre la bonne volonté que j’ai réussi à puiser tout au fond de moi. Si j’ouvre, peut être trouverais-je une aide précieuse, une fée du logis qui en quelques tours de passe-passe m’aidera à faire briller cet immonde endroit.
Arrête de rêver. Personne ne viendra te sauver de ta propre saleté. Le bruit strident de la sonnette fait écho dans ma tête. Je reste immobile. Je déteste ça. Quand je ne parviens pas à me décider. Je pourrais rester des heures comme ça, figée, à osciller entre le oui et le non, si la personne derrière la porte a de la patience. J’aimerais changer ça. Savoir prendre une décision, aussi futile soit elle. Mais me décider bon sang ! Et je repense à Max. Cela fait plus d’un mois qu’il m’a proposé « un essai » et je ne parviens toujours pas à lâcher mon passé, Hugo. Entre l’habitude et la passion, ma tête et mon cœur ne sont jamais d’accord.
Voilà, que mon portable se met à sonner, loger dans le creux de mon fauteuil. Trop loin pour que ma curiosité ait envie d’y jeter un coup d’œil. J’aurais dû penser à l’éteindre.
« Angela, arrête de faire comme si tu n’étais pas là, j’entends ton portable sonner ! Et tu ne sors jamais sans ! Allez ouvre maintenant ! ». La porte m’a parlée.
Mes yeux s’écarquillent quand je réalise à qui appartient cette voix. Ma respiration s’accélère. Je ne parviens pas à y croire. Il faut que je vois ça de mes propres yeux. J’attrape la clé en hâte. Je me précipite vers la porte, passe la clé dans la serrure, fais glisser le loquet de sécurité. Je la vois, là, les cheveux blonds remontés en chignon, un demi sourire aux lèvres, un regard rempli d’émotion. Je baisse la tête et je découvre deux valises posées sur le sol. « Maman ? »