Fragment #24 - Start Spreading the news, i'm leaving today !

Il est trois heures du matin et je ne parviens pas à trouver le sommeil. Le départ pour l’aéroport se compte désormais en minutes. Cent vingt, pour être précise. Je ne parviens toujours pas à me rendre compte que je vais enfin réaliser un de mes rêves les plus chers. Je vais à New York bon sang ! Tout me parait irréel. Depuis que j’ai annoncé la nouvelle à Terry jusqu’à cet instant précis, le temps a filé à la vitesse de la lumière. Outre le fait de découvrir cette ville splendide qui ne dort jamais, cette semaine va sûrement m’aider à y voir plus clair dans ma vie. Faire le point tout en me changeant les idées. Si ce n’est pas génial ça ! C’est Terry qui est géniale, et je remercie le ciel de l’avoir posée sur mon chemin il y a treize ans. J’ai hâte de découvrir les lieux qui l’ont vu grandir, hâte de partager cette aventure avec elle. Cela fait cinq ans qu’elle n’a pas posé le pied au pays de son enfance. Et je suis émue rien qu’à l’idée de voir les étincelles qui vont illuminer ses yeux. Je sais ce que l’on peut ressentir quand on « rentre chez soi ». Même si notre vie est désormais ici, en Belgique. Quand j’arrive sur le tarmac du Caire, une sensation indescriptible m’envahit toujours. Même si j’ai abandonné les lieux il y a bien longtemps, l’air que je respire m’est familier, je me sens chez moi. On ne peut pas couper ses racines, elles sont ancrées en nous.
A force de remuer mes pensées dans tous les sens, je commence à ressentir quelques crampes au niveau de mon ventre. Le stress. Angoisse déraisonnée. Crainte de l’inconnu. Mais surtout peur d’être malade dans l’avion ! Huit heures de vol. C’est long.
Les chiffres rouges de mon réveil radio indiquent 4h07. Il est temps de me lever, prendre ma douche, m’habiller et me rendre chez Terry où Hugo doit nous rejoindre pour nous conduire à l’aéroport.
J’arrive chez elle. Elle m’ouvre et mes yeux s’écarquillent en voyant les deux énormes valises posées sur le sol de son salon.
« Tu crois que tu auras assez ?
- Quoi ? Tu crois que c’est pas assez ? Tu crois que je devrais en prendre une troisième ? Ou alors faudrait que je rajoute deux ou trois trucs. J’ai pas pris assez de pulls. Et les cadeaux pour la famille, si j’ai oublié quelqu’un je vais… Et comment je vais faire pour…
- Terry, Terry ! Arrête de stresser comme ça ! Tu as largement assez ! »
Elle est là, les bras ballants regardant tout autour d’elle. On dirait une petite fille. Je ne l’avais jamais vue comme ça.
« De quoi as-tu peur ?
- J’ai peur de ne pas être à la hauteur… »
On à tous nos démons enfouis, et je viens de découvrir celui de ma meilleure amie. Elle d’apparence si forte et sûre d’elle. Elle a peur de ne pas être à la hauteur de l’image que ses parents ont d’elle. Je la prends dans mes bras.
« T’inquiète Terry, tout se passera bien, ils seront super heureux de te voir, et c’est tout ce qui compte. »
Elle me regarde et acquiesce avec un demi sourire inquiet. Hugo arrive et se charge de porter les valises jusqu’à la voiture. Nous sommes toujours comme deux inconnus, mais désormais je m’en moque, je pars !
Nous voilà arrivées devant le guichet pour le check-in. L’hôtesse nous demande :
« Quelle est votre destination finale ? »
Un immense sourire aux lèvres et en cœur nous répondons :
« New York ! »